Ô saisons, ô châteaux
Quelle âme est sans défauts?
...............................................................je je me sens mal dans ma peau, dans mon corps, dans ma tête, ça gronde et ça vibre très fort, très fort et je
se succèdent satisfaction profonde et profond désespoir, sagesse folle et imbécilité folle, se succèdent et s'annulent sur les ruines de mon être, cette petite chose qui geint, qui jouit, qui gît, qui gêne.
À l'extrême du spectre si je peux m'exprimer ainsi sans tomber dans le lyrisme ["Quand on se refuse au lyrisme, noircir une page devient une épreuve : à quoi bon écrire ce que l'on avait exactement à dire?" (Cioran)] : extases sexuelles, extases mystiques, simplicité exemplaire de ma philosophie aux yeux des autres, candeur et joie, ô saisons, ô châteaux, et des gestes qui me grandissent, comme d'avoir sacrifié une amitié sur l'autel sanglant, préhistorique, de mes valeurs les plus sublimes
Ne pas déchoir, c'est accepter la déchéance avec philosophie (mais pas n'importe laquelle, évidemment) et c'est gagner (quand tout est perdu). Pour se respecter soi-même, même plongé dans la déjection d'une vie calamiteuse et pathétique comme la mienne.
................................................................ quelle âme est sans défauts?...
"Il est impossible d'accepter d'être jugé par quelqu'un qui a moins souffert que nous. Et comme chacun se croit un Job méconnu..." (Cioran)
............................................................... la colère gronde sourdement en moi comme une musique de terreur, comme une musique de film de Lynch
La colère : contre un Dieu qui AURAIT DÛ exister. [On ne peut se consoler de l'inexistence évidente de son pire ennemi.]
La colère : contre le corps, cette pourriture si douce, si douce...
Ô saisons, raisons de la colère
" Moissonner sur les cils l'épine et briser du poing le rocher;
broyer sous ses dents les cailloux; rompre de ses mains la montagne;
jouer de la queue du scorpion; baiser sur les dents le serpent;
saisir la griffe du dragon; se précipiter dans la gueule du requin;
pressant ses mamelles, traire la lionne en courroux;
du serpent le plus venimeux humer le poison de ses crocs;
durant la journée se jeter au cou d'un démon, sans raison;
de nuit, étreindre dans ses bras, très étroitement, une vieille;
le gosier desséché, nu-pieds, en juillet et sur la pierraille,
cheminer, s'aidant d'un bâton, boitant d'un pied, et sur des lieues;
en rage, tirer de la gueule du lion affamé sa proie,
ou des griffes du léopard furieux arracher le gibier;
tracer sur l'onde impétueuse, au moyen d'un poil, beaux dessins;
graver dessins sur le rocher, au moyen d'une épine verte;
lançant le lasso, le passer au cou du temps qui s'en allait;
mettre les entraves aux pieds des derniers jours de l'existence,
cela m'est cent fois plus aisé qu'à table d'un être ignoble
boire le vin le plus vermeil, vêtu des habits les plus riches;
sinon, le ciel pulvérisant ma vie, dites-lui donc : "Fort bien!"
Loin de l'habit de mon renom soit la poudre du déshonneur! "
(Seyyed Ahmad Hâtef, 18e siècle)
FAITES SILENCE, MES ORGANES! J'ai quelque chose d'autre à ajouter. Environné des démons de la souffrance comme saint Antoine en son désert, je te salue, frère le soleil, je te salue, soeur la mort, je vous demande à tous, mes organes aux noms comme des démons de l'ancien monde, de vous taire, vous qui n'employâtes jamais que le langage de la douleur et de la peur, de la maladie et de la mort ; car j'ai autre chose à ajouter. Il a été dit : "En ce moment même, j'ai mal. Cet événement, crucial pour moi, est inexistant, voire inconcevable pour le reste des êtres, pour tous les êtres. Sauf pour Dieu, si ce mot peut avoir un sens." Amen. C'est de Cioran. C'est lui qui a écrit ça. J'écris pour écrire ce que Cioran a écrit (lui-même écrivant ce que ... a écrit, etc.). Mes organes, je vous demande un peu de RESPECT, non pour ce que j'ai à dire, mais ce qu'à travers moi les autres peuvent continuer de dire avec VÉRITÉ. In tepsum redi, in interiore homine habitat veritas. ô
châteaux ad matutinum Christus
venit venit
venit
.......................................................................... gronde colère, grande colère des faits : je ne suis plus tout jeune, hélas, et, je le jure
"le ciel n'est pas plus pur que le fond de mon coeur" [aparté : basta! trop classique.]
qu'est-ce à dire, au fond? hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère :
je suis fou de rage. Ça brûle en moi par millions de tonnes d'uranium enrichi.
Lis ça : Si tu n'as pas lu Diderot, je fais peu de cas de ta connaissance de l'âme. Crève, astheure.
................................................venit je me désespère parce que ça a un sens de le faire en mon état, c'est de n'avoir que des mots souillés, des mots de prostitués pas propres à mettre dans ma bouche, à toucher de mes doigts, à caresser dans ma tête : pas mêlant si je suis toujours malade : les mots sont sales comme des vieilles putes le cul plein de sperme et la bouche à moitié arrachée par les maladies vénériennes, par le tabac et par la divination de Balbuc. Tabarnac. - Qu'est-ce à dire? - Très peu, vraiment. Quelque chose comme une phrase à l'imparfait du subjonctif volée à quelqu'un d'autre, baisée des millions de fois, jamais lavée, jamais guérie.
[Je salive, donc je salis.]
"Le non-savoir est le fondement de tout, il crée le tout par un acte qu'il répète à chaque instant, il produit ce monde et n'importe quel monde, puisqu'il ne cesse de prendre pour réel ce qui ne l'est pas. Le non-savoir est la gigantesque méprise qui sert de base à toutes nos vérités, le non-savoir est plus ancien et plus puissant que tous les dieux réunis." Cioran, De l'inconvénient d'être né
Si je connaissais des malédictions assez puissantes, c'en serait fini : de moi, de votre monde, et de la philosophie.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerQuel déploiement !
RépondreSupprimerJ'aime particulièrement la dernière vérité de Cioran... Aujourd'hui, sur une avenue brillante, nourriture sale en bouche, avec mon amie je lui disais comment c'était monstrueux que ce qui est pris pour acquis pour tous, ils n'en connaissent pas l'origine et ils ne sont même pas près de vouloir explorer... la vérité est leur grande connaissance... Puis on passe pour des salauds, des fauteurs de trouble quand on essaie de remettre en question leurs gestes et paroles, leurs "droits" ...
Bast, je ne sais pas ce qui arriverait si un jour tu devenais TROP heureux.
RépondreSupprimerEst-ce que tu pourrais encore puiser dans ton puits infini de richesses ?
Basta! tu es bohème...moi j'aime. Je pourrais pas t'imaginer autrement.
Tu rêves pour nous tous, qui oublions si souvent comment faire.
Tu le sais que t'es le meilleur reminder de conscience qui existe ?