Ma vie n'est pas si moche, me répété-je. Non, pas si moche. Ça sent le café, le cul et l'été. Je reviens de la Windigo, de ces chutes étranges où j'aurais aimé me balader entre les ruines d'une civilisation disparue (celtique ou romaine, whatever), couvertes de mousse, délavées par les intempéries, sur les rives de la Lièvre ou sur les pentes de la montagne du Diable. Mais basta, nos Amérindiens étaient des nomades qui ne laissaient pas de ruines derrière eux, seulement leur sang dans la glèbe collante, seulement leurs chants dans le vent qui fait dévirer les feuilles, seulement leurs malédictions au fond des eaux profanées. Je les ai entendus soupirer, à quelques siècles près, dans mon oreille sur le bord de la rivière, mais le méchant Windigo ne menace plus rien ni personne, quand sa beauté nous plonge toujours malgré tout dans une méditation byronienne.
Il était une fois moi, et les Hautes Laurentides, et le souvenir fané des colons perdus au nord du Nord. Charmante contrée de pâturages vallonneux, giboyeux, aux verts plus verts que ceux des montagnes méridionales (Mont Tremblant, Mont Saint Sauveur, Morin Heights), où les immenses roches du Bouclier canadien affleurent un peu partout, terres de Caïn - terres de beautés angoissantes, parce qu'il n'y a rien à y faire, rien de rien, ô pauvre jeunesse sans stimulation, sans travail et sans avenir. Terres de beauté neuve, mais que le futur a déserté, que les perspectives d'avenir ont abandonné aux mains des vieux et des vacanciers.
Mais j'ai déjà hâte d'y retourner.
24.5.09
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Très très beau texte. Surtout le vent.
RépondreSupprimerTu étais proche de chez nous!! C'est vrai que c'est beau et paisible le Windigo. Prochaine fois, viens au Réservoir Kiamika. C'est à côté de chez nous.
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