30.5.09

Miscellaneous hanté





Depuis que je suis allé au Musée d'art contemporain mercredi dernier, je pense sans cesse à l'oeuvre de Christine Davis. Cliquez sur son nom pour accéder à la présentation de celle-ci sur le site du musée.

Je relis avec délectation le poème de mon cher Mallarmé, L'Après-midi d'un Faune, depuis. Davis a trouvé une façon inspirante de revisiter les espoirs et les certitudes fanées de l'époque qui a donné naissance à notre monde, la Belle Époque, en juxtaposant les mots du poème sur les pages peintes à la main d'une vieille édition (1845) des Éléments d'Euclide. Le contraste est épistémologique, esthétique et métaphysique. Car notre réalité humaine, depuis toujours, est "euclidienne", tandis qu'à l'époque de progrès scientifique et industriel illimité, voire hystérique, de Mallarmé, on prend soudainement conscience que d'autres mondes non-euclidiens sont possibles, sont réels, sont contraires au sens commun.




Mon amoureux est le premier individu que je rencontre en cette vie qui s'intéresse autant que moi, pour certaines des mêmes raisons que moi, aux origines du christianisme, au monachisme et à différents phénomènes religieux sur lesquels j'ai passé beaucoup trop de temps à réfléchir. Mon excitation est grande. Nous ne sommes pas chrétiens, ni l'un ni l'autre. Mais nous sommes fascinés par les mêmes choses, les mêmes livres, les mêmes images. Je suis tellement heureux! Ça fait bizarre, du coup, de discuter des règles complètement absurdes et sectaires des anachorètes égyptiens, de l'influence du manichéisme et de l'isisme sur les représentations chrétiennes primitives, et sans transition, manger des hot-dog en écoutant des épisodes de Family Guy (dont nous sommes friands), faire l'amour, etc.

Nous nous sommes trouvés.



Le cousin d'une bonne amie à moi s'est fait attaqué au Gabon par des trafiquants d'organes (ils vendent le coeur, la langue et les parties génitales de leurs victimes à des sorciers, paraît-il) à coups de machettes. De machettes. L'image me hante.

(Il a réussi à se sauver, à sauver sa vie, mais un de ses bras est lacéré en de multiples endroits.)




Je suis amoureux de Xavier Dolan. J'imagine que nous sommes des milliers. Mais moi, je sais qu'il m'aime, qu'il me veut. (Érotomanie : L'érotomanie est une maladie du groupe des psychoses, construite autour de la conviction délirante que l'on est aimé par une personne.)


(Rêve d'un trip à plusieurs, avec Xavier Dolan, le prince Harry, mon copain et moi... entre autres.)




Extrait de l'Après-midi d'un Faune, de Mallarmé. Que je dédie à l'Achigan pour des raisons évidentes.

"Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;
Mais, bast! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long, que nous amusions
La beauté d'alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l'amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.

Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m'attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses; et par d'idolâtres peintures
À leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j'ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j'élève au ciel d'été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D'ivresse, jusqu'au soir je regarde au travers.

O nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers."


Maphto, Maphto... me pardonneras-tu un jour mon silence indigne à ton égard? (Changez le nom, et sentez-vous visé(e)s, lecteurs/lectrices, par mon cri du coeur, mon aveu de faiblesse, ma culpabilité d'homme de peu de mots.)



Où les marais?
Où les orchidées?
Que sont devenues
rivières et forêts
et lentes cérémonies
à l'aube

hélas
mon Île n'est plus que
vile





Je me suis réveillé cette nuit en croyant qu'il y a avait une émeute sur Mont-Royal. C'était la sortie des bars. Je déteste les voix avinées des jeunes femmes vulgaires qui beuglent deux octaves trop haut. Puissent les femmes contrôler mieux leur débit, leur ton, leur façon de s'exprimer en public, surtout à 3h30 du matin. Vivement des voix de Catherine Deneuve ou de Fanny Ardant partout autour de chez moi, autour de moi. La grâce, l'élégance et l'exquise beauté des femmes de jadis. Étudiées, raffinées, sexuellement explosives et surtout, magnifiques. À mille milles de nos vulgaires catins actuelles qui brisent leur voix et leurs charmes à force de ne se contrôler jamais (surtout devant leurs proies masculines, les pauvres).

Quant aux garçons...




Pour ne pas terminer : René Char. Suite à ma réflexion sur le bonheur de se lever à 4h du matin.

"152.

Le silence du matin. L'appréhension des couleurs. La chance de l'épervier." (Feuillets d'Hypnos)



2 commentaires:

  1. T'es toujours aussi charmant Bast. Tu devrais nous parler un peu plus de ton amoureux. On voudrait en savoir plus. Est-il un philosophie ? Un intellectuel ?

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  2. un philosophe, pas un « philosophie »

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Faites comme chez Bast