N'as-tu pas vu ses seins volumineux Mais la mentule amère et forte baissant la tête Pendue au ventre à la hanche en marbre aux beaux yeux? Cette femme était donc un homme plus une femme Heureux toujours uni désaccordé Sa chevelure au vent et sa voix de stentor Sa moustache, son gland fumant et sa beauté.
La guerre le vin le tabac les femmes Le plaisir les hommes la guerre l'argent Les femmes le plaisir les hommes les perles Les affaires l'or le vin (Je t'aime et je suis là) le soleil discordant.
Brûle ces coeurs ce sont des silex Ces âmes des poutrelles d'acier, des billets de banque Ces personnages ne sont pas vrais, brûle leurs poupées Je suis si bas vois-tu que le ciel en est outragé.
Ma nature est le feu (Je me consume donc) est-ce vrai est-ce bien vrai La chose est consumée Tes yeux à l'intérieur sont retournés Une seconde vue vers le ciel les habite.
Je suis le Feu. (Je t'aime Toi.) Tu es le Feu? (J'accepte le mors, le joug...) L'Ardeur Oui ma nature est feu et je te reconnais. À l'aube tu me fais me lever de mes songes brisés Détruis, détruis! (Tu me refuses...) Et moi je suis les étincelles.
(13 costumes, dont certains sont monstrueux tandis que d'autres sont inspirés par la culture populaire, voire folklorique, et au moins quatre «pastiches» volontaires de vedettes pop comme Madonna et Britney Spears. Démarche qui se veut à la fois assumée au premier degré, et pleine d'auto-dérision. Soi comme un autre. Absurdité tragique de la quête amoureuse. Mais est-ce que la multiplicité-duplicité de l'image ne serait pas une façon inversée, propre à notre époque, de pointer vers cet espace vide où le sujet moral se dédouble et se défile?)
2.
THE MASK
"Put off that mask of burning gold With emerald eyes." "O no, my dear, you make so bold To find if hearts be wild and wise, And yet not cold."
"I would but find what's there to find, Love or deceit." "It was the mask engaged your mind, And after set your heart to beat, Not what's behind."
"But lest you are my enemy, I must enquire." "O no, my dear, let all that be; What matter, so there is but fire In you, in me?"
(Dialogue d'aveugles. L'oeuvre me fait terriblement penser à certains Fragments d'un discours amoureux de Barthes : le désir voilé-dévoilé, la face caché des êtres aimés, le langage comme véhicule et comme matrice des mythes amoureux qui s'enflent jusqu'à l'implosion implorée. Vérité des masques (cliché moderne ou post-moderne?). L'auteur, à propos de ce thème récurrent à certains égards dans son oeuvre : «Nous nous revêtons d'un masque peint grotesque ou solennel pour nous abriter des foudres du Jugement, pour inventer des Saturnales de l'imagination où l'on oublie la réalité, dans un jeu qui ressemble à celui d'un enfant, et où l'on n'éprouve plus la douleur infinie qui vient de la conscience de soi.» Voir le clip de Lady Gaga : différences et similitudes. Une même théâtralité de la tension vers la vérité de la Rencontre érotico-éthique.)
(Par la profanation ludique des photographies anciennes, un peu à la manière irrévérencieuse des enfants face aux objets qui sont pour eux dénués de toute «sacralité», de la sentimentalité mémorielle proprement adulte, l'artiste modifie en profondeur l'identité des sujets dont le portrait s'anime de significations nouvelles, inédites, et nous force à changer nos repères habituels dans l'aperception des visages aux expressions éminemment codifiées -- voire asservies -- par toutes les cultures. L'Altération et l'Altérité se conjuguent dans les différentes couleurs, textures et opacités. Qui suis-je? Qui ne suis-je pas?)
Parce que je suis POUR le plaisir. Et POUR le film de Sofia Coppola. (Que j'espère revoir dans les plus brefs délais; je suis en manque, ces temps-ci.)
Parfois, mais seulement parfois, c'est-à-dire rarement, je suis charmé par la beauté involontaire d'une intervention cybernétique écrite en langage plus qu'approximatif, sans orthographe et sans grammaire. À cause du contexte.
Ça change tout, le contexte.
Je suis en train d'écouter une bonne vieille toune de Renaud. C'est quand qu'on va où? raconte l'histoire d'une petite fille (la sienne?) qui en a ras-le-bol de l'école et qui râle parce que son cartable (i.e. son sac à dos) est trop lourd, parce qu'il y a des devoirs à faire, etc. En fait, c'est une critique sociale très pertinente mise dans la bouche d'un enfant, issue du point de vue naïf et direct d'un enfant. Que ce soit le chômage, le droit de vote, la morale ou la structure de l'instruction publique, c'est un Renaud anarchiste tout craché qui dynamite les mensonges des adultes.
Le fond et la forme, comme toujours, dans les oeuvres de Renaud, coïncident pour rendre attrayante, humoristique, voire touchante, une telle charge revendicatrice (qui serait seulement agaçante ou lourde si elle était exposée dans un discours politique). Même chanté avec sa voix de fumeur de Camel's, on sent bien que c'est une adolescente qui s'exprime :
C'est quand même un peu galère D'aller chaque jour au chagrin Quand t'as tell'ment d'gens sur Terre Qui vont pointer chez "fous-rien" 'vec les d'voirs à la maison J'fais ma s'maine de soixante heures, Non seul'ment pour pas un rond Mais en plus pour finir chômeur!
Veulent me gaver comme une oie 'vec des matières indigestes, J'aurais oublié tout ça Quand j'aurai appris tout l'reste, Soulève un peu mon cartable, L'est lourd comme un cheval mort, Dix kilos d'indispensable Théorèmes de Pythagore !
Si j'dois avaler tout ça Alors je dis : 'Halte à tout ! ' Explique-moi, Papa, C'est quand qu'on va où ?
En écoutant la chanson, je lis machinalement les commentaires laissés sur YouTube, à propos de la chanson. Et je tombe sur cette PERLE :
" super renaud g 16 ans sa f 3 ans ke jecoute renaud e d chansons comme sa plu personne nen f ptete a cause du chanchman de mentalite "
LE "CHANCHMAN DE MENTALITE"!!!! Vous rendez vous compte???
J'ai même pensé à un canular; c'est trop beau pour être vrai...
Sidérant!!!
Dans ces moments-là, privilégiés, où les choses tombent comme par magie au bon endroit, au bon moment, saturés de sens et de significations, j'ai l'impression qu'Oscar Wilde était le seul qui avait raison : ce n'est pas l'art qui imite servilement la nature, c'est la Vie qui imite l'Art.
Wow.
(Avril Lavigne : récupération capitaliste du look ado rebelle. Un exemple de "chanchman de mentalite"?)
Je veux aller voir l'exposition de Waterhouse au MBAM!!!! Qui m'accompagne? Papine, l'Achigan?? Qui d'autre?
Je ne proclame jamais sur les toits, mais je suis un amateur de musique atonale et du dodécaphonisme. J'ai trouvé cette vidéo qui ne m'aidera pas à vous convaincre que c'est génial...
de «la jeunesse pleine de virilité et de vitalité»...)
Quand des étudiants de McGill, d'une exquise jeunesse pleine de virilité et de vitalité, rigolant et marchant par petits groupes, ou deux par deux, reviennent de leur entraînement de crosse canadienne en survêtement de sport, qui laisse deviner, sous le textile complaisant, au gré des balancements du bassin, leurs attributs «parascolaires», j'ai chaud. J'ai vraiment chaud!
(Ce billet inutile et plein de sève et de sel et de sueur est une conséquence de mon état horny actuel. C'est vraiment gratuit...)
:)
(L'équipe canadienne de crosse en 1908, à Londres.)
La nouvelle sonne comme un lugubre chant funèbre pour toute une époque de pionniers géniaux, de surdoués intellectuels. Dumézil est mort. Roland Barthes est mort. Mircea Eliade est mort. Marcel Mauss est mort. Marcel Granet est mort. Michel Foucault est mort. Tous, ils ont défriché, en France ou ailleurs, des chemins jadis impraticables, grâce à leur érudition folle, à leur intégrité, à leur sens très élevé de la rigueur scientifique et herméneutique. C'étaient des Maîtres. Et Lévi-Strauss était le dernier, le centenaire, l'inébranlable, le résistant.
Celui qui, par-delà les effets de mode intellectuelle, les postures et les poses, avait finalement eu raison de se «révolter» (l'expression, de Sartre, me vient en tête simultanément à d'immenses bémols... je la garde, entre guillemets). Le père de l'Anthropologie structurale, le fascinant ethnologue, l'auteur de tant de best-sellers ardus, voire abscons, aura survécu à tous les anéantissements de la pensée française contemporaine. C'est à l'aune de l'universel seul que l'on doit mesurer son apport aux sciences humaines.
Je pleure aujourd'hui la disparition d'un géant dont le leitmotiv aurait pu être : DIVERSITÉ, J'ÉCRIS TON NOM.
Diversité des cultures et des espèces vivantes. Point d'orgue d'un discours qui nous frappe par sa puissance actuelle, par sa simplicité droite et juste, et par sa défaite sans cesse confirmée par les affres de notre époque contemporaine si superficiellement écologisssse.
Salut, Lévi-Strauss. Par delà les querelles d'exégèse et les controverses inéluctables, tu nous reliais à un autre siècle, et nous était comme une mauvaise conscience tranquille sans cesse en éveil.
Nous sommes quelques uns, encore, à croire possible l'acte de penser avec toi.
Sung by the people of Faery over Diarmuid and Grania, in their bridal sleep under a Cromlech
We who are old, old and gay, O so old! Thousands of years, thousands of years, If all were told:
Give to these children, new from the world, Silence and love; And the long dew-dropping hours of the night, and the stars above:
Give to these children, new from the world, Rest far from men. Is anything better, anything better? Tell us it then:
Us who are old, old and gay, O so old! Thousands of years, thousands of years, If all were told.
- William Butler Yeats (The Rose, 1893)
Nous chantâmes au couchant, au couchant nous entonnâmes nos chants, nos chants de gloire, nos chants de gloire, et nos lais anciens d'amours amers, d'amours et de remembrance des jours anciens, des joyeuses assemblées sous les étoiles.
Les belles gens s'accoquinaient, les belles gens s'encanaillaient, et les belles gens, les belles gens, au crépuscule prenaient les feux follets pour briquets.
Les rituels s'exaspérèrent avec une païenne exubérance parmi les convives maculés d'alcool et de baisers. Nous riâmes!
Sous un dolmen un jour lointain et inconnu nous nous endormirons pour quelques temps, quelques ères, quelques éternités à peine. On nous entendra soupirer d'amour et de sensualité jusqu'à Byzance, peut-être. Quelque éphèbe viendra nuitamment cueillir sur les tombes jumelles de précieuses larmes de fée, luisantes reliques lunaires de tes exaltations passées. (Il sera beau, son coeur sera doux comme l'herbe grise sous les étoiles, sa peau nue brillera par nos ensorcellements d'outre-tombe comme au temps d'avant notre endormissement sacré.)
Et par les sources qui ne coulent que par toi, qui ne remontent vers le ciel que par toi, que par ta magie, et par les verres d'eau de vie qui ne reflètent l'avenir et la folie et la féerie, que par nos bouffonneries, je te bénis, mon ami, je te bénis.
LE "CHANCHMAN DE MENTALITE"!!!! Vous rendez vous compte???
J'ai même pensé à un canular; c'est trop beau pour être vrai...
Sidérant!!!
Dans ces moments-là, privilégiés, où les choses tombent comme par magie au bon endroit, au bon moment, saturés de sens et de significations, j'ai l'impression qu'Oscar Wilde était le seul qui avait raison : ce n'est pas l'art qui imite servilement la nature, c'est la Vie qui imite l'Art.
Wow.