30.1.09

Péter sa bulle

Vendredi soir.

Il est 20h.

Je suis sorti m'acheter de la malbouffe vers 17h. Me suis installé devant la télé pour visionner des Tout sur moi. Ai rigolé.

Éteindre télé. Chat collé sur moi, ronronnant. Je pète. Tout le monde pète. Mais là, ce pet-là, c'était comme d'avoir des flatulences au mauvais endroit, au mauvais moment, en public, chez le docteur, lors d'une première "date". C'était gênant, humiliant.


Vendredi soir. Il est 20h.

Okay. Ça ne marche pas, ça. J'ai comme (désolé, le jeu de mot poche ne cesse de me hanter, il faut que ça sorte :) pété ma bulle.

Perdre sa libido, ne plus avoir envie de sortir, de voir du monde et de prendre soin de soi, me semble que ce n'est pas particulièrement bon signe, ça... Attendre d'écrire un chef d'oeuvre primé, de se faire engager à La Presse comme chroniqueur et perdre un temps fou à fixer la vaisselle en train de sécher sur le séchoir à vaisselle, NON PLUS.

Ma prise de conscience est dialectique : je suis dans une impasse ; or, AVANT (et c'est là où le bât blesse, car je ne sais plus trop à quel "avant" faire référence : quand j'étais flo? quand j'étais ado? quand j'avais 20 ans?) ce n'était pas comme ça que je m'imaginais à quelques années de la trentaine (ce Charybde ; Scylla étant les substances toxiques, qui toujours, me trahiront, car les dépendances sont inscrites dans mon hérédité), avant j'avais envie de baiser sans arrêt, j'avais envie de sortir, je buvais des bombay dry martini straight up twist dans des soirées, j'avais même des ambitions assez hallucinantes... Et... Où est la synthèse? Quelle synthèse jaillira de ces thèse et antithèse létales : le présent, le passé?

Être à l'écoute de ses organes, soit. Passer ses journées à être à l'écoute de ses organes... moyen. Réaliser un vendredi soir que c'est moche, ma vie... décrissant!

Je ne pète pas des yeules, je ne pète pas des scores, je ne pète pas plus haut que le trou. Wow. Et je suis supposé trouver que ça vaut la peine???

Quelle déchéance...

J'ai mal au ventre et je sais pertinemment que je ne sortirai pas ce soir. De toute façon, je n'en ai aucune envie. Je vais m'installer pour lire dans mon lit.

L'autre soir, j'ai eu envie de relire mes (déjà) vieux livres sur la pensée chinoise antique, reliques de mes études en philosophie. Je suis tombé sur des trucs passionnants qui m'avaient échappés. Derechef, je m'intéresse à la Chine impériale, et j'y trouve tout plein de sujets d'intérêts, de potentielles nouvelles littéraires, des sujets de réflexion profonds, des images très-belles, des histoires qui pourraient m'inspirer quelque chose... MAIS QUOI? Quelle vanité de croire que je puisse travailler là-dessus, alors que je ne suis même pas capable de sortir mon bac de recyclage à temps pour la cueillette (tout sauf ponctuelle et efficace, welcome in the Plateau).

Si je fais une analyse de ma vie, je m'effondre dans les bancs de neige boueux de mon passé. Si je tente d'en faire abstraction, de mettre mes raquettes ou de sortir la souffleuse, c'est ma propre force d'inertie qui me replonge dans la gadoue du présent intolérable. Bravo champion. Va essayer de faire la morale aux autres, de draguer quelqu'un ou de promettre quoi que ce soit, après... Ma culpabilité me nargue.
J'attendais quelque chose de ce blogue. Un sens à donner à ma vie. Une façon d'exploiter à mon rythme, de manière éclectique, l'écriture, mes connaissances, de partager des moments "youtube", de m'inscrire sur le web et d'exister, quelque part. Clairement, je ne suis ni assez geek, ni assez créatif pour ressentir de satisfaction à ça. Je voudrais maîtriser des moyens d'expression différents. Nouveaux. Participer à quelque chose de collectif. Mais voilà. J'ai l'impression d'apprendre à conduire dans le stationnement d'une aire de repos sur le bord de la 40. En regardant les chars des autres prendre de la vitesse, me dépasser, disparaître à l'horizon.

Avec mon ex nous allions souvent à Québec. Je connais bien les autoroutes. Je déteste conduire, je conduis mal et je ne sais pas comment gérer la peur qui me consume, la peur des vroom-vroom, des accidents, des carambolages, des dépassements par la droite, des sorties de route. Mon ex a été patient, puis indifférent, et finalement, lui-même n'avait plus de voiture. C'est une métaphore de notre couple : j'essayais de le suivre, je voulais faire l'amour, il ne voulait pas souvent, j'essayais de conduire, il a fini par revendre sa picouille, et dans le vide intersidéral de ma vie actuelle, je me rends compte que même ça, ce que nous vivions, ce n'était pas ÇA. Ce n'était pas ce que je voulais.

J'ai laissé mon ex en voulant rester ami avec lui : c'est la seule chose que nous ayons vraiment réussi. Il a maintenant un nouveau copain. Moi je suis revenu dans son ancien appartement de quand je l'ai connu. Retour à la case départ. Ou plutôt : hors jeu. Hors jeu sous mes amoncellements de livres. Hors jeu sous mes couvertures à manger du McDo en écoutant Tout sur moi un vendredi soir. Hors jeu sans savoir ce que sera le prochain jeu. La prochaine vie qui me sera accordée. Quand un instrument est accordé, il joue juste. Mais moi, je joue faux en attendant de me trouver un ensemble avec lequel mon instrument entrera enfin en harmonie.

Subrepticement, la dernière métaphore rejoint ce que je disais précédemment sur la philosophie chinoise antique. Par exemple, Confucius ( ) affirmait :
"Un homme s'éveille à la lecture des Odes [recueil poétique classique], s'affirme par la pratique du rituel, et s'accomplit dans l'harmonie de la musique."

Il voulait que l'harmonisation apportée à toute la société se fasse par la pratique des rites et de la musique, que vise l'accomplissement de l'homme de bien, le junzi ( ):
"Les rites, les rites! Ne tiennent-ils qu'au brillant de la jade et de la soie? La musique, la musique! Ne tient-elle qu'au bruit des cloches et des tambours?"
C'est pourquoi, selon Kongzi, la première chose à faire est de rectifier les "noms" (les mots). Dernière citation, promis (pour ceux que ça ennuie) :

"Si les noms sont incorrects, on ne peut tenir de discours cohérent. Si le langage est incohérent, les affaires ne peuvent se régler. Si les affaires sont laissées en plan, les rites et la musique ne peuvent s'épanouir."


Ce soir, je tente de rectifier les noms. Je tente de faire BASTA! des discours incohérents, des faux-semblants, des lieux communs, des légèretés cent fois réitérées pour me donner bonne conscience. Je tente de redresser les mots pour qu'ils disent quelque chose : d'un pet à Confucius, c'est toute ma vie qui cherche son sens, son épanouissement.

C'est cela qui se passe. C'est cela et c'est tout. La Chine impériale est un amas de ruines. Ma vie est un amas vivant d'organes plus ou moins en bonne santé. Le Ciel au-dessus de nos têtes est le même que celui de Kongzi, le même que le mien. Il n'a pas changé en deux mille cinq cents ans. Et parmi les Dix mille êtres, les Cent familles, à l'intérieur des Quatre mers et des cinq Orients, je reste immobile, immobile depuis déjà quelques temps, pour encore quelques temps, en pleine inaction, en réfléchissant à ma voie... à mon Dao que je ne trouve pas. Pas encore.



29.1.09

Perse est malade...

Mon chat Perse est malade... Ça a commencé hier par des gémissements bizarres, puis, à mon grand désarroi, il s'est mis à vomir... et ça n'a pas cessé... de la nuit. Il ne mange plus et ça se voit qu'il n'a pas le moral... eh merde... Je me sens impuissant à l'aider. C'est pas facile d'interpréter son mal : une indigestion? un virus? quelque chose qu'il aurait avalé par inadvertance?... Il allait bien, pourtant, il mangeait avec appétit...

Opération : vétérinaire...

Ça m'inquiète tellement!

MISE À JOUR : Perse est guéri! Yeah! Même pas eu besoin de eurvirer chez Vétérinaire. Une indigestion? Une boule de poil? Une purge? Dunno... Mais je me suis senti comme un nouveau papa devant son poupon qui "renvoue"...

27.1.09

Miscellaneous 3

Mon chat est comme moi : il aime le café, il aime jouer dans l'eau, il dort tout le temps et s'énerve pour un rien...




J'essaie de comprendre l'homosexualité. Tout me porte à y réfléchir. Tout tend vers cette question. Que sont les homosexuels? Que suis-je? Suis-je homosexuel? Qu'est-ce que c'est que cette "vérité" du sexe qui viendrait se plaquer comme un masque sur ce que je suis, ou qui émergerait de mes tréfonds de mon for intérieur mystérieux? Qu'est-ce qui est différent? Qu'est-ce qui est indifférent?

À 15 ans, à 20 ans même, ce n'était pas des questions que je me posais. Prompt à condamner l'homophobie des grandes religions (monothéistes et bouddhistes, en particulier), prompt à revendiquer ma place dans le monde, prompt à fuir mes démons intérieurs dans le "réel", je faisais ce que je pouvais pour, comme tout le monde, tirer les meilleurs coups possibles... Mais voilà. Je vieillis. Je lis un peu plus. Je pense aussi un peu plus avant d'agir. Et je me suis graduellement mis à tout révoquer en doute.

Je n'ai pas de réponses, encore. Que des questions qui prennent des formes étranges, de plus en plus troublantes. Je me demande si j'ai vraiment quelque chose qui s'appelle une sexualité, ou plus spécifiquement, une identité sexuelle. Bander, jouir, fantasmer : facile. Trop facile. Et si tout cela n'était qu'une illusion? Ce n'est pas une blague : je me demande ce que je veux, au fond. Et je crois que ce n'est pas ce que je pensais vouloir à 15, 20 ans...





J'aime Mara Tremblay. Elle m'a réconcilié, grâce à sa voix "country-urbaine" qui me bouleverse et me plaît, avec des sonorités qui n'étaient pas, disons, courantes auparavant. Son nouveau "microsillon" s'en vient ou est déjà paru, mais je m'ennuie déjà de ses débuts avec Chihuahua. Le clip le moins pire (ah! cette qualité "No Name" de la miouse sur youtube...) ressemble à ça :






Le soleil et dans trois mois, Paris...




Conseils urinaires d'Hésiode (8e siècle avant l'ère commune) :

"N'urine pas tout debout, et tourné vers le soleil et sa lumière,
Depuis l'heure où il se couche jusqu'au matin,
Souviens-toi de ne pas uriner sur le chemin ou à côté du chemin,
Et pas davantage en relevant ta chemise, car les nuits appartiennent aux Dieux bienheureux.
Il faut s'accroupir comme le fait l'homme qui sait les choses et qui est pieux,
Ou bien il faut se mettre contre le mur de la cour bien fermée.
Il ne faut pas non plus dans ta maison montrer indécemment près du foyer
Des parties honteuses souillées de sperme, mais il faut éviter cela au contraire.
Il ne faut jamais uriner à l'embouchure des fleuves qui se précipitent dans la mer,
Et pas davantage à leur source, mais il faut soigneusement s'en garder,
Et, cela aussi n'est pas bon, il ne faut pas non plus s'y baigner."
(Les Travaux et les Jours)


À méditer.



J'aime faire l'éloge de mes amis. J'aime quand les autres font de même.




La chanson du jour (qui risque d'être la chanson de la semaine, en fait...) :



À noter la parade finale qui ressemble étrangement à la Parade de la Fierté Gaie, avec un nain pis toute...



Je me suis inscrit au gym. J'ai hâte de ressembler à ça :



... ou peut-être pas, finalement...




Ah, j'oubliais : merci de me laisser des commentaires! Non seulement ça fait plaisir à lire, mais ça sert à ça, un blogue... Même les insultes/bitcheries/demandes en mariage/petites annonces/critiques et autres déversements sentimentaux sont les très-bienvenus.




Plutôt que de passer ma journée à écouter les tenants et abrutissements du budget fédéral, je crois que je vais continuer à lire La Violence et le Sacré, de René Girard. C'est renversant... J'adore. En plus, ce qui est bien, c'est que je mets ma télé sur "mute" (silence) et quand je me lève la tête de mon livre, je regarde de la porno. La vie, parfois, est aussi douce que ça.






(Dali)

25.1.09

Lent vert

& l.an droit | je penche | je planche

contre Les angles de partage & de dissension | coupées & découpées de traverse

Pangée ~
on reprend des buts Les origines indisséminées

j.augure bien de mes non_lieux -


arpentage | strates | failles | série monoclinale | érosion | cuvette inondée


sols humides ô bonne terre ~ plan dynamique Sur lequel mes pensers opèrent d.inclinables sélections | extraterritoriales°°°


flou - 東西


reprendre du début ~ faire les sans pas pour mesurer l.espace que ça prend pour Précipiter les couleurs introuvables[impoétisables]


verlan neuf ! Ceci dit je n.ai que du bien à en mesurer ~ pensées giratoires


Droit du sol ~ mon oeil s.ouvre à l.an vers


j.ai aimé nomade Des padawans jurassiens jusqu.Aux limites extrêmes du monde connu | par des béringies glacées d.illusions tordues comme un hêtre humant ~ j.incline mes plans ~ progression Ab originem | ce qui reste des empires du levant & du Kouchan 貴霜 | des pétales de désir froissés°°°


steppes après steppes ~ étapes Du voyage de retour du monde| émondé


sans pas d.avant sans padawan [屁股] -

& il faut être des brouillards | quand on est eaux à bois

& vaporisé


Peur plane ~ c.était l.été & c.était l.invention d.un continent | d.un fleuve amour | en neuf -

toute étendue nous étang interdite Cité hors convexe ~ habiter son espace sans sacrifier les senteurs de jasmins solaires ~ vois_tu ce que je veux d.ire?

[oui colère & oui tristesse] | mais quel voyage | quelle voix | quel âge°°° C.était l.origine de la géodésie -


同性恋 lové contre lui

l.an droit commence | au diable l.an vert | au diable vauvert |

ô d'heure

23.1.09

Ulysses...!


J'adore... "I found a new way..." Juste trop exactement ce que j'avais besoin aujourd'hui...

Et cet extrait me rentre littéralement dedans :

"You're never going home
You're not Ulysses"

Les Franz Ferdinand à leur meilleur.

PS : La Jeune Femme Moderne m'a sorti de ma torpeur aujourd'hui. Qu'elle en soit éternellement remerciée... J'ai même réussi à faire mon lavage, alors je vais pouvoir recommencer à porter des sous-vêtements...

22.1.09

Foucault parle (1966)

Isabelle Dumais. Dépli d'espace. 2006. Eau-forte et chine collé. 38 x 29 cm.
(Collections: particulières et BNQ)



...le ruissellement continu du langage. Langage qui n'est parlé par personne : tout sujet n'y dessine qu'un pli grammatical. Langage qui ne se résout dans aucun silence : toute interruption ne forme qu'une tache blanche sur cette nappe sans couture. Il ouvre un espace neutre où nulle existence ne peut s'enraciner : on savait bien depuis Mallarmé que le mot est l'inexistence manifeste de ce qu'il désigne; on sait maintenant que l'être du langage est le visible effacement de celui qui parle...




© Dominique Denuault, PLI SUR PLI, "Hommage à Pierre Boulez", 50 X 75 CM, Prise de vue : en Indre-et-Loire en 2004 (Tirage argentique laminé sur bois)
http://dominique.denuault.free.fr/

18.1.09

I've got a secret

... I ain't gonna tell.




Oh Lordy me...


Si j'avais été chanceux dans la vie, je serais Devendra Banhart, aujourd'hui. Mais je ne suis que moi. Et basta... Tu parles d'une horreur, d'une erreur... Basta!

J'en ai assez de moi. Je me ferais moine ou comédien, pour cesser d'être moi. Je me ferais autre, je me ferais renaître, pour cesser d'être moi.


J'ai un secret que je ne dirai pas. Si vous soupçonnez que l'amour y est pour quelque chose, vous y êtes presque. Si vous croyez que ce secret n'est pas très important, vous ne sauriez mieux dire. Et si les congères vous semblent plus belles que ce que mon cerveau faiblard produit dans la nuit de ma vie, alors nous sommes enfin dans la même saison.

Dormir. Et demain, qui sait...

17.1.09

La poésie est partout!

C'est pas parce que je m'inscris à des sites de perversion perverse et autres lieux de débauche qui font brailler ma mère, que je ne suis pas capable d'apprécier les perles de culture qui font un brillant collier au cou de l'humanité (cette "shemale") : voyez plutôt...

Authentique :

"D'epuis plus d'un an DEJA, le meilleur Party en ville les lundis soir, Boyz Night Out!, se deroule chaque semaine au Club Parking!

Pour celebrer cet anniversaire, nous vous invitons a vous joindre a nous ce lundis 19 janvivier. Pour l'occasion, nous recevons le DJ montrealais David Laguer ainsi qu'un troupe de cirque qui vous offrira des performance a couple de souffle. De plus, nous ferons tirer des prix de presence offert par la boutique OSEZ, des billets de BBCM, des cd de demon de plusieurs DJ et encore plus.

Alas, n'hesiter pas et joigner-vous a nous en grand nombre ce lundis pour feter avec nous!!!

-Producteur
Hamlet"



Quel formalisme révolutionnaire! Quelles belles trouvailles anticonformistes! Quelle déconstruction post-derridienne! Quelle maestria dans l'intertextualité assumée! Que d'émois pour le liseur des grands poètes de jadis :
  • "D'epuis" : l'apostrophe étonnant isole donc "epuis", latinisme de basse époque, tiré du grec "epoulis, epoulidos" (gencive), et nous amène à épulide, cette petite tumeur charnue sur les gencives. En effet, l'usage immodéré de la langue française peut causer ce type d'infection. Brillant!
  • "les lundis soir" (à mettre en parallèle avec deux usage subséquent de : "ce lundis"). On a donc une étymologisation du mot, latin "lunae dies", pointant vers le caractère nocturne de la chose, d'où il appert que le "soir", singulier là où on l'attendait pluriel, devient un apax, une redondance sémantique, que grammaticalement l'auteur stigmatise et sacrifie sans pitié devant nous.
  • "19 janvivier" : peut-être mon préféré. C'est tout simplement joycien : le redoublement interne de "vi" permet de faire de multiples interprétations d'un mot galvaudé. On entend donc : dix-neuf gens vivent + Vivier + janvier = le sémantique explose sous la force d'impact! Éloge de la vie nocturne, où "19" représente une totalité par procédé numérologique (1 + 9 = 10 = 1 + 0 = 1), "gens" utilisé pour son caractère patricien de "gentis, gens", la race, et tout cela prend un troisième sens en regard de "vivier", mot bisignifiant, criant son sens aquatique autant que son sens de "milieu d'épanouissement". Janvier, mois de Janus le bifide, est promesse de printemps tout autant que reconnaissance des récoltes passées, donc exaltation de la vie en tant qu'angoisse de la mort, métaphore puissante que n'aurait pas reniée Heidegger.
  • "un troupe de cirque" : encore des références directe à la Rome antique! Bien sûr, "cirque" renvoit au Circus Maximus, donc aux festivités sanglantes de l'Urbs et au dépassement de soi, mais se voit démultiplié par l'utilisation étymologique du mot "troupe" masculin, de même origine que l'adverbe "trop", troupe militaire, troupeau, du scandinave "village" (thorpe). Ce qui est donc volotairement revendiqué par l'auteur de ce bijou, c'est une exacerbation des valeurs martiales du Cirque antique, ce lieu civique où le sang appelle le sang et où les citoyens réunis réactualisent leurs liens sociaux.
  • "des performance a couple de souffle" : à mille lieux des lieux communs et autres scléroses de la langue, l'auteur joue, pour faire surgir de nouvelles expressions, rénovées, purifiées, réappropriées.
  • "des cd de demon" : il fallait y penser!!!
  • "Alas, n'hesiter pas et joigner-vous" : usage perchlorique des plus décapants. Dépersonnalisation, infinisation, anglicisation ("Alas" au lieu de "hélas") : c'est toute une idéologie post-moderne que dénonce ici l'auteur de toute la force de ses outils austiniens.
  • Finalement, notez l'absence totale d'accentuation sur les mots, qui sont ainsi renvoyés à une perte originelle de "voix", de "ton", ce qui dénonce un archaïque usage populaire de la langue française. C'est aussi une façon de mettre au même plan sémiologique : notre époque, et un Moyen-âge dont nous sommes sortis/jamais sortis...


(Osti, le matin, je devrais m'assurer que j'ai ma dose de café avant d'écrire n'importe quoi...)

16.1.09

À la manière de Zhom... (hommage et salutations distinguées)

Zhom fait des trucs vraiment bien. Voici mon hommage à sa gracieuse personne en écoutant Christiane Charette s'intéresser au caca esthétique.

TÉMOIGNAGE FIBRANT #5






SCANDALE! ÉMOTIONS! TÉTONS! UQUOUAM!

par Mademoiselle Manon, coiffeuse, Lavalloise, payeuse de taxe et femme à barbe patibulaire.


" En mon nom très personnel et pas au nom de ma voisine Lyne, la grosse estie de vache qui souffle tout le temps SA neige sur MON terrain, je vais mettre mes petites culottes pour parler au nom de tout le monde que je connais sur Facebook et même les autres, en disant le fond du fond de ma pensée, c'est mon opinion et je la partage : d'la marde, ça coûte pas trente mille piasses!!! Moi j'ai rien contre, je veux dire, j'ai rien contre les fuckés qui vont à l'université apprendre des affaires pas rapport, attraper des poux dans le métro Berry-de Montigny, même si moi en tant que moi-même coiffeuse en personne, j'haïs ça les poux, surtout les poux pubiens que m'a refilés Lyne, la grosse estie de vache qui pue le swing par sa bouche, mais les fuckés, à Mourial, si ils ne savent pas c'est quoi de la marde, j'aurais pu leur en montrer gratis! Je fais des cacas qui sont tant longs que faciles à émettre contre timbre à la poste. Les argents, ceux des contribuables patibulaires comme moi (parce que moi j'en paye des taxes, chus pas comme Lyne l'estie de vache qui est su'l B.S. pis qui se fait vivre par son cousin plein de poux pubiens) auraient été mieux dépensés dans les salles d'attente de la Cité de la Santé en canettes de pipsi pis en chips au ketchup, parce que c'est long en sale d'attendre avec les B.S. pour faire soigner ses poux pubiens pendant dix heures, tsé, y'a du monde qui travaille pendant que les fuckés à Mourial font du Cristal Meth. Faque eurtournez Tintin pis sa machine qui pue chez les Flamands roses, pis arrêtez d'écoeurer le vrai monde! Vive Lady GaGa. "

-- Mademoiselle Manon, régulière et fière de l'être.


Vendredi soir j'écoute Antony and the Johnsons et me souvient, me souvient, me reviennent les images, les sons, les odeurs, les karmas d'hier, les rêves, les mots et les balles de pingpong comme d'innocentes fêlures sur le miroir du lac...

le lac... le chalet 17... la mythologie de ma préhistoire... d'avant que mon esprit n'éclate en mille miettes au milieu des larmes et des cris de souffrance que n'entendait pas le clown triste...



Renée sort sans cesse du lac en secouant ses cheveux, Renée sort, en secouant ses cheveux, du lac Renée, du lac sort en, Renée sort sans cesse, sort du lac en secouant, en secouant ses cheveux, ses cheveux, ses cheveux.

En brisant mon esprit j'ai ouvert mon coeur aux quatre vents quatre saisons quatre direction quatre dimensions

en brisant

en secouant

en faisant l'amour nous étions unis par-delà la mort qui sentait les champis, les champis des pagodes et des dragons mouvants sur la pellicule du ciel

vendredi soir et j'ai pas souvent des accès de nostalgie et j'ai pas souvent des accès de nostalgie pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi et j'ai déjà oublié le son de ta voix, le sens de ta voix, leçon de ta voie. c'est fini c'est fini c'est fini

je Marche dans les pas déjà semés au coeur de la forêt où j'ai fait l'amour entre les arbres perchés au milieu des rires et des rayons

de soleil sur ma peau qui n'était pas distendue par le gras et les veilles et les médicaments

En secouant sur l'écran ses cheveux de jadis il n'y a plus trace de sommeil dans ses cheveux et le soleil sur ma peau fait des ronds de jambe aux hivers synaptiques En marchant dans la forêt je me perds je me suis perdus Il y a longtemps pour faire l'amour au-delà de la mort

j'ai froid. J'ai

des idées cruelles sur le sens sur le son de ma vie entrechoquée par les timbales du jour qui s'était levé c'était le printemps je crois et les meubles et les livres et ma vie en boîte et pas

à pas je me relève et je retombe et je me noie.

14.1.09

Miscellaneous 2



J'hallucine.



J'aime le Prince Harry... (il est roux.)

(Le prince Harry en train de goûter à un de ses camarades dans l'armée.)



Je ne sais pas ce que je vais faire quand je serai grand.

(Je pourrais peut-être devenir comme Dana International)




J'aime Amina Wadud. (Prenez la peine de lire le petit paragraphe, ça va vous donner une idée de ce qu'elle représente.)






J'aime ce poème de Louis Aragon :

La Rose et le Réséda

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda




"En lisant... en lisant tout." (Michel Foucault speaking.)





Je donne ma langue au chat.

(Hi. My name is Perceval-le-Gallois. Call me Percey.)




(Ce message n'aurait pu voir le jour sans les amicales insignifiances dont mes amis ont le chic de m'abreuver, moi qui suis un insatiable consommateur de café, de rousseur, de félinité, de poésie et de vidéos ïoutoubes... Merci à Julia B, à MAGIC, à mon frère, etc... et à Kate Winslet.)

13.1.09

Ex-Centris : la fin d'une époque

À moins que Langlois ne revienne au moins en partie sur sa décision, le cinéma Parallèle seul continuera de présenter des films de répertoire. Car le complexe Ex-Centris, merveille d'architecture et lieu idéal pour aller voir des films de partout avec sous-titres (plutôt que doublés) après avoir été prendre un verre au chic Café Méliès (ahhh, j'en ai dragué, des mecs, au Méliès...), ne présentera plus de films, se réservant pour des activités corporatives (entendre : plus lucratives). C'est une nouvelle décevante, choquante et humiliante pour tous les amateurs de bon cinéma, ceux qui ne mettront jamais les pieds au Guzzo et autre Colossus... brrrrr.

Au fil des dix dernières années, j'ai eu la chance et le privilège de passer du temps de qualité au Ex-Centris, d'y voir des films exceptionnels, rares, puissants. Je me souviendrai toujours de la fois où je suis allé voir Dancer in the dark, de Lars Von Trier, avec mes amis Robin, Amélie, Marie-Josée... Nous pleurions comme des veaux... Ou encore, les films de François Ozon (Swimming Pool, Huit femmes, ou le récent et oh combien tripatif Angel...)



J'y ai vu des films des quatre coins du monde, ou plutôt, des mille et un recoins du monde : des films afghan, iranien, finnois, latino-américain, etc.

C'est vraiment un coup dur porté contre la culture. On dirait presque un coup bas de Stephen Harper... alors que non, malheureusement...

Dommage...





12.1.09

PERSE


Perceval le Gallois vient d'entrer dans ma vie. C'est un joyeux luron. Il est roux très pâle. Il est beau et doux.

C'est lui :

Il est aussi, par son surnom, son diminutif qui ne le diminue pas, Perse. Mon chat. Perse.



Perse comme l'antique empire des Achéménides mazdéens, cette civilisation opposée aux Grecs classiques, et qui vénéraient les dieux anciens que révéla Zarathoustra le Mage : Mithra, Ormazd, les anges inquiétants et la pureté des éléments (Temples du Feu, Tours du Silence...). Pays des Rois Mages. Immense empire aux frontières mouvantes, centré sur le Plateau iranien, et dont l'Iran actuel, musulman chiite, est et n'est pas l'héritier direct.

Perse!



Perse comme le poète stoïcien, auteur de Satyres...

« — Mais à quoi bon les fruits par l’étude amassés,
À moins que plus actif, plus puissant que le lierre
Qui mine lentement et fait fendre la pierre,
Le savoir ne parvienne à paraître en dehors ?
— Ah ! voilà donc le but où tendent vos efforts,
Vous que l’on voit vieillir et sécher sur un livre !
Voilà le doux espoir dont votre orgueil s’enivre !
Ô mœurs ! quoi ! n’est-ce rien que tout votre savoir,
À moins qu’aux yeux d’autrui vous ne l’ayez fait voir ?
— Mais enfin nous aimons, quand quelqu’un nous rencontre,
À voir que de la main en passant il nous montre
À l’ouïr s’écrier : c’est lui : le voyez-vous ?
Et quoi de plus flatteur encore et de plus doux
Que de savoir qu’un jour nos œuvres immortelles
À cent jeunes romains serviront de modèles.
— Il est vrai ; regardez les fils de Romulus ;
Voyez-les, au milieu de festins dissolus,
La balance à la main, aussitôt qu’ils sont ivres,
Peser et comparer les auteurs et leurs livres ! »


Perse... Mon chat qui est le poète que je préfère, autant que René Char : Alexis Saint-Léger Léger, alias Saint-John Perse, prix Nobel de Littérature.



Saint-John Perse... Je lis son Anabase ("montée", en grec ; ce qui désigne les conquêtes d'Alexandre le Grand, le Biscornu, le bâtisseur de Villes, le conquérant de la puissante Perse...), le plus souvent possible.

« Anabase IV


C'est là le train du monde et je n'ai que du bien à en dire -- Fondation de la ville. Pierre et bronze. Des feux de ronce à l'aurore

mirent à nu ces grandes

pierres vertes et huileuses comme des fonds de temples, de latrines,

et le navigateur en mer atteint de nos fumées vit que la terre, jusqu'au faîte, avait changé d'image (de grands écobuages vus du large et ces travaux de captation d'eaux vives en montagne).

Ainsi la ville fut fondée et placée au matin sous les labiales d'un nom pur. Les campements s'annulent aux collines! Et nous qui sommes là sur les galeries de bois,

tête nue et pieds nus dans la fraîcheur du monde,

qu'avons-nous donc à rire, mais qu'avons-nous à rire, sur nos sièges, pour un débarquement de filles et de mules?

et qu'est-ce à dire, depuis l'aube, de tout ce peuple sous les voiles? -- Des arrivages de farines!... Et les vaisseaux plus hauts qu'Illion sous le paon blanc du ciel, ayant franchi la barre, s'arrêtaient

en ce point mort où flotte un âne mort. (Il s'agit d'arbitrer ce fleuve pâle, sans destin, d'une couleur de sauterelles écrasées dans leur sève.)

Au grand bruit frais de l'autre rive, les forgerons sont maîtres de leurs feux! Les claquements de fouet déchargent aux rues neuves des tombereaux de malheurs inéclos. Ô mules, nos ténèbres sous le sabre de cuivre! quatre têtes rétives au noeud du poing font un vivant corymbe sur l'azur. Les fondateurs d'asiles s'arrêtent sous un arbre et les idées leur viennent pour le choix des terrains. Ils m'enseignent le sens et la destination des bâtiments : face honorée, face muette; les galeries de latérite, les vestibules de pierre noire, et les piscines d'ombre claire pour bibliothèques; des constructions très fraîches pour les produits pharmaceutiques. Et puis s'en viennent les banquiers qui sifflent dans leurs clefs. Et déjà par les rues un homme chantait seul, de ceux qui peignent sur leur front le chiffre de leur Dieu. (Crépitements d'insectes à jamais dans ce quartier aux détritus!)... Et ce n'est point le lieu de vous conter nos alliances avec les gens de l'autre rive; l'eau offerte dans les outres, les prestations de cavalerie pour les travaux du port et les princes payés en monnaie de poissons. (Un enfant triste comme la mort des singes -- soeur aînée d'une grande beauté -- nous offrait une caille dans un soulier de satin rose.)

... Solitude! L'oeuf bleu que pond un grand oiseau de mer, et les baies au matin tout encombrées de citrons d'or! -- C'était hier! L'oiseau s'en fut!

Demain les fêtes, les clameurs, les avenues plantées d'arbres à gousses et les services de voirie emportant à l'aurore de grands morceaux de palmes mortes, débris d'ailes géantes... Demain les fêtes,

les élections de magistrats du port, les vocalises aux banlieues et, sous les tièdes couvaisons d'orage,

la ville jaune, casquée d'ombre, avec ses caleçons de filles aux fenêtres.

*

À la troisième lunaison, ceux qui veillaient aux crêtes des collines replièrent leurs toiles. On fit brûler un corps de femme dans les sables. Et un homme s'avança à l'entrée du Désert -- profession de son père : marchand de flacons. »


Mon chat est très-beau dans son nouvel appartement. Ce n'est plus mon appartement : j'habite chez Lui, désormais. Et ça me rend juste

tellement

trop

heureux...!




Je vous en donne des nouvelles bientôt!

8.1.09

Gaza, tu n'es pas seul


Merci à Patrick Lagacé pour m'avoir réconcilié avec Tom Waits. Merci à Tom Waits pour m'avoir brisé le coeur ce matin. Merci à tous ceux qui militent pour la paix.

Paix à Gaza. Solidarité avec les Gazaouis et les civils israéliens qui ne veulent pas de cette boucherie commandée par leur gouvernement.


7.1.09

Miscellaneous

J'adore le mot anglais : miscellany. Et l'adjectif : miscellaneous. Ça sonne bien. Je les répète inlassablement dans ma tête... Certains mots comme ça ont une vertu musicale qui m'épate.



J'aime les tempêtes. René Char, le grand poète, raffolait de celles-ci, au point où il téléphonait à son ami Paul Veyne (historien de l'Antiquité et disciple-ami de mon philosophe fétiche Michel Foucault), qui habitait à quelques lieues, pour savoir quand arriverait l'orage prévu. Il sortait de chez lui à l'heure dite, et quand l'orage se faisait attendre, il piaffait d'impatience en disant : "Mais va-t-il finir par éclater!!!" Vents, pluies, neige, éclairs, tonnerre, rafales, nuages et dévastation des champs lourdement labourés du ciel : emporte-moi, tempête. Je me languis de cette énergie, j'ai besoin de ces cataclysmes pour vivre.



J'aime ce poème. Il me donne la chair de poule (je ne suis pas une poule mouillée! "je suis un poulet" me dit Juliablabla), et quand il parle de la bien-aimée décédée, j'ai l'image des morts à Gaza.

Requiescat in pace

Comme s'effeuille une rose
L'amante dolente aux traits
Ravagés par la chlorose
Est morte au soir des regrets
Et sur le bord de sa fosse
Le vieux prêtre au dos cassé
A glapi de sa voix fausse
Requiescat in pace !...

Et maintenant pauvre chère
Elle git loin du soleil
Sous le grand champ en jachère
Où tout est paix et sommeil
Défunts tous les jours d'ivresse
Et les nuits de l'an passé
Défunts comme ma maîtresse
Requiescat in pace !...

Plus n'ai la force de vivre
Et par les tristes hivers
Sertis de larmes de givre
J'erre en sanglotant mes vers
Dans le vent qui les emporte
Mon pauvre coeur trépassé
Dort sur celui de la morte
Requiescat in pace !...

Gaston COUTÉ (1880-1911)



Je me suis fait l'amour, aujourd'hui. Ce n'était pas un acte solitaire, honteux. C'était un orgasme que je me suis offert en cadeau, un prurit de narcissisme assumé.

J'étais dans mon lit, nu, face à la fenêtre à travers laquelle je regardais la tempête de neige couvrir le Mont-Royal et ma rue, lisant un article sur le soufisme et l'influence du mazdéisme sur la mystique musulmane en Iran médiévale. Mes oreillers étaient des cumulus et mon plafond, une métaphore de la pureté zoroastrienne des éléments (feu blanc). Il n'y avait plus de musique humaine assez belle pour orner le moment d'arabesques invisibles. Mon coeur battait fort. Mon coeur ou le temps. Et je me suis caressé comme on caresse un corps inconnu, découvrant avec merveille chaque aspérité, chaque muscle, chaque poil. Deux êtres se faisaient l'amour en moi, deux êtres qui s'inventaient sur l'autel de mon corps, et j'étais le jouet de cette douceur étrange, retenant mon souffle pour m'étrangler de plaisir... les images se multipliaient sur chacun de mes synapses, réminiscences ou visions inconnues, sensuelles, érotiques, pornographiques.

Et ma jouissance n'était pas intellectuelle.



J'ai un blocage. Je dois téléphoner quelque part pour prendre un rendez-vous, et je ne le fais pas. C'est bizarre... Pourquoi? Je n'ai pas peur. J'ai seulement un manque de motivation... ce démon qui me ronge.



Embrassez-moi. J'aime sentir vos lèvres (formes si diverses) sur les miennes. Je suis ébloui par la sensualité d'Alyss.

Souvenir que je chéris dans mon coeur de pomme : il y a deux ans, pour mon anniversaire... gros party... débauche d'amour... j'ai embrassé presque tout le monde... gars et filles, hétéro ou bi ou gay... La semaine suivante, pour l'anniversaire d'une amie, j'ai réitéré... et encore plus de monde a embarqué dans ma folie... c'était... génial... vraiment. J'incitais les gens à perdre toute fausse pudeur, à m'embrasser, à s'embrasser les uns les autres... et nous riions, et c'était bien. Mon amie É. était si belle, si sophistiquée, si tendrement offerte et elle avait une cravache et des gants en satin noir jusqu'aux coudes!!! Nous nous sommes embrassés longuement. Et j'étais en couple depuis quatre ans (avec un garçon, qui n'était pas là)... or, je ne le regretterai jamais. Mon infidélité (très peu sexuelle, en fait) fut un moment de pure beauté. Je crois que les autres aussi furent plutôt satisfaits de leur soirée...



Folie : ce qui est beau en moi et que j'ai trop souvent honte de rendre visible.



J'aimerais être (davantage) fiable.



Regina Spektor est magnifiquement belle.



Voilà. C’est tout. La violence continue à Gaza. Mes pieds sont rarement froids, mais c’est le cas ce soir. Et je me languis de certaines personnes, et je me sens vide de moi, ce qui fait du bien. Envie de me rouler dans la neige. De redevenir le petit garçon que je n’ai jamais été, d’être plein d’énergie neuve et plein de rires, plein de rêves. Mais ce monde n’est pas celui que je voudrais. Ce monde est violent, triste et sévère. Ce monde qui me tue.

« … les fleuves sont sur leurs lits comme des cris de femmes et ce monde est plus beau
qu’une peau de bélier peinte en rouge!

… Mon âme est pleine de mensonge, comme la mer agile et forte sous la vocation de l’éloquence! L’odeur puissante m’environne. Et le doute s’élève sur la réalité des choses. Mais si un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour! Et mon avis est qu’on le tue, sinon
il y aura une sédition. »

(Anabase III, Saint-John Perse)