7.1.09

Miscellaneous

J'adore le mot anglais : miscellany. Et l'adjectif : miscellaneous. Ça sonne bien. Je les répète inlassablement dans ma tête... Certains mots comme ça ont une vertu musicale qui m'épate.



J'aime les tempêtes. René Char, le grand poète, raffolait de celles-ci, au point où il téléphonait à son ami Paul Veyne (historien de l'Antiquité et disciple-ami de mon philosophe fétiche Michel Foucault), qui habitait à quelques lieues, pour savoir quand arriverait l'orage prévu. Il sortait de chez lui à l'heure dite, et quand l'orage se faisait attendre, il piaffait d'impatience en disant : "Mais va-t-il finir par éclater!!!" Vents, pluies, neige, éclairs, tonnerre, rafales, nuages et dévastation des champs lourdement labourés du ciel : emporte-moi, tempête. Je me languis de cette énergie, j'ai besoin de ces cataclysmes pour vivre.



J'aime ce poème. Il me donne la chair de poule (je ne suis pas une poule mouillée! "je suis un poulet" me dit Juliablabla), et quand il parle de la bien-aimée décédée, j'ai l'image des morts à Gaza.

Requiescat in pace

Comme s'effeuille une rose
L'amante dolente aux traits
Ravagés par la chlorose
Est morte au soir des regrets
Et sur le bord de sa fosse
Le vieux prêtre au dos cassé
A glapi de sa voix fausse
Requiescat in pace !...

Et maintenant pauvre chère
Elle git loin du soleil
Sous le grand champ en jachère
Où tout est paix et sommeil
Défunts tous les jours d'ivresse
Et les nuits de l'an passé
Défunts comme ma maîtresse
Requiescat in pace !...

Plus n'ai la force de vivre
Et par les tristes hivers
Sertis de larmes de givre
J'erre en sanglotant mes vers
Dans le vent qui les emporte
Mon pauvre coeur trépassé
Dort sur celui de la morte
Requiescat in pace !...

Gaston COUTÉ (1880-1911)



Je me suis fait l'amour, aujourd'hui. Ce n'était pas un acte solitaire, honteux. C'était un orgasme que je me suis offert en cadeau, un prurit de narcissisme assumé.

J'étais dans mon lit, nu, face à la fenêtre à travers laquelle je regardais la tempête de neige couvrir le Mont-Royal et ma rue, lisant un article sur le soufisme et l'influence du mazdéisme sur la mystique musulmane en Iran médiévale. Mes oreillers étaient des cumulus et mon plafond, une métaphore de la pureté zoroastrienne des éléments (feu blanc). Il n'y avait plus de musique humaine assez belle pour orner le moment d'arabesques invisibles. Mon coeur battait fort. Mon coeur ou le temps. Et je me suis caressé comme on caresse un corps inconnu, découvrant avec merveille chaque aspérité, chaque muscle, chaque poil. Deux êtres se faisaient l'amour en moi, deux êtres qui s'inventaient sur l'autel de mon corps, et j'étais le jouet de cette douceur étrange, retenant mon souffle pour m'étrangler de plaisir... les images se multipliaient sur chacun de mes synapses, réminiscences ou visions inconnues, sensuelles, érotiques, pornographiques.

Et ma jouissance n'était pas intellectuelle.



J'ai un blocage. Je dois téléphoner quelque part pour prendre un rendez-vous, et je ne le fais pas. C'est bizarre... Pourquoi? Je n'ai pas peur. J'ai seulement un manque de motivation... ce démon qui me ronge.



Embrassez-moi. J'aime sentir vos lèvres (formes si diverses) sur les miennes. Je suis ébloui par la sensualité d'Alyss.

Souvenir que je chéris dans mon coeur de pomme : il y a deux ans, pour mon anniversaire... gros party... débauche d'amour... j'ai embrassé presque tout le monde... gars et filles, hétéro ou bi ou gay... La semaine suivante, pour l'anniversaire d'une amie, j'ai réitéré... et encore plus de monde a embarqué dans ma folie... c'était... génial... vraiment. J'incitais les gens à perdre toute fausse pudeur, à m'embrasser, à s'embrasser les uns les autres... et nous riions, et c'était bien. Mon amie É. était si belle, si sophistiquée, si tendrement offerte et elle avait une cravache et des gants en satin noir jusqu'aux coudes!!! Nous nous sommes embrassés longuement. Et j'étais en couple depuis quatre ans (avec un garçon, qui n'était pas là)... or, je ne le regretterai jamais. Mon infidélité (très peu sexuelle, en fait) fut un moment de pure beauté. Je crois que les autres aussi furent plutôt satisfaits de leur soirée...



Folie : ce qui est beau en moi et que j'ai trop souvent honte de rendre visible.



J'aimerais être (davantage) fiable.



Regina Spektor est magnifiquement belle.



Voilà. C’est tout. La violence continue à Gaza. Mes pieds sont rarement froids, mais c’est le cas ce soir. Et je me languis de certaines personnes, et je me sens vide de moi, ce qui fait du bien. Envie de me rouler dans la neige. De redevenir le petit garçon que je n’ai jamais été, d’être plein d’énergie neuve et plein de rires, plein de rêves. Mais ce monde n’est pas celui que je voudrais. Ce monde est violent, triste et sévère. Ce monde qui me tue.

« … les fleuves sont sur leurs lits comme des cris de femmes et ce monde est plus beau
qu’une peau de bélier peinte en rouge!

… Mon âme est pleine de mensonge, comme la mer agile et forte sous la vocation de l’éloquence! L’odeur puissante m’environne. Et le doute s’élève sur la réalité des choses. Mais si un homme tient pour agréable sa tristesse, qu’on le produise dans le jour! Et mon avis est qu’on le tue, sinon
il y aura une sédition. »

(Anabase III, Saint-John Perse)

3 commentaires:

  1. J'aimerais bien avoir la passion de me faire l'amour aussi bien que toi.

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  2. Parfois j'écris des messages sans gêne, en tout franchise.

    Parfois je me relis et la gêne m'envahit. Surtout que je suis le seul à avoir émis un commentaire à propos de ton message.

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  3. Les gens sont timides... Je reçois davantage de commentaires par courriel ou en personne que sur le blogue lui-même...

    Merci d'être là, Cloudy.

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