Je suis parti travailler sans m'apporter de veste, de manteau, de foulard ni quoi que ce soit pour me garder au chaud... et dès que je me sors le bout du nez pour aller m'en griller une, je sens ma peau crier à l'aide... je sens ma nuque hurler en silence, la peur d'une bronchite carabinée ne me quitte plus... il fait froid...
Je ne devrais pas bloguer, je dois travailler, les minutes s'écoulent et c'est effarant, je suis débordé, je suis un peu stressé et j'ai trop bu de café... classique.
Mais dans la solitude qui est la mienne, assis à mon bureau je me demande ce que je fais ici, criss, et si je suis capable de tenir le coup, tout bien considéré. Certaines personnes me manquent terriblement. Et j'ai vraiment très envie de passer du bon temps avec un garçon de mon goût, avec un garçon parce que c'est rassurant l'odeur d'un gars, la bonne odeur jumelle, la sueur soeur... La belle faconde séductrice d'un frère d'arme qu'on suce en paix, à mille milles des rednecks (ou, comme on dit depuis quelques temps autour de moi, traduction québécoise d'une réalité américaine qui ne nous est pas inconnue, malheureusement : les «cous bleus»). (Se réveiller dans le même lit qu'un gars, c'est étrange, c'est troublant et c'est très... odorant.) Je n'ai pas le goût des relations complexes, voire compliquées, ni des promesses ni des lendemains ni des projets ni des beaux-parents : j'ai envie de toucher un pied, une fesse, un lobe d'oreille sans me poser de question, par pure sympathie sexuelle, par pure animalité, sans lendemains, sans lendemains...
Dehors, je veux dire en dehors de mon horaire de dingue, il y a des milliers, des dizaines de milliers de proies potentielles qui m'échappent, qui m'échappent inexorablement. (Pourquoi est-ce que je m'inflige ça?? Pourquoi penser au cul JUSTEMENT quand ça n'est pas le temps, le moment propice, approprié?) Je me morfond et c'est mal. Je me tâte ; je me trouve bien peu fier de penser ainsi, bien peu digne ; je me demande si ce n'est qu'une petite panique normale ou si j'ai un problème de dépendance affective, d'obsession sexuelle, qui ressurgirait ce soir ; je tremble un peu (de froid) ; la musique me fait du bien, aussi, un peu.
L'impression que j'ai consiste en ceci que dans ma «folie» vespérale, je m'imagine qu'en dehors de ma caverne, les corps s'assemblent pour un sabbat de tous les diables, sans moi, et que pour ma part je reste à demi prostré, dans la lumière trop vive des néons, comme dans une obscurité proprement postmoderne, mais l'effet est le même que dans une grotte aux parois grimaçantes de figures composites, graffitées à mains nues : c'est le vertige horizontal de la nuit.
Ma bouche est terriblement sèche. Je ne sais pas si c'est le café ou la peur, mais j'ai l'impression, plus que jamais, d'être vulnérabilisé par ce qui m'est le plus proche : les amis, les corps, les idées, les sensations, les identités, et mon blogue...
Face à mon écran je n'ai que des doutes. À vous offrir. À me servir.
(Peu importe ce que j'écris, au fond ; écrire pour ne plus penser, ou plutôt, écrire pour mettre des mots sur des sensations qui défient toute pensée. Écrire n'importe quoi, soit, mais ça ne règlera pas mon problème de température trop froide pour mon accoutrement, ça...)
-- Oh, et j'oubliais : j'aime beaucoup le blogue de samstg, que j'ai parcouru en entier (il faut dire que c'est un tout jeunot de blogue), aujourd'hui : Le Confessionnal. Simple, bien écrit, c'est un témoignage très sensible, auquel on s'identifie aisément, à propos de l'homosexualité.
Je serais une très bonne proie. Catch me if you can!
RépondreSupprimerOh, Bast! J'ai trouvé Samstg avant toi!!! ^^
Je suis tapi quelque part dans le noir, les crocs serrés pour retenir ma respiration extrêmement rapide et saccadée... je t'attends, ô proie!! lol
RépondreSupprimerTrouvé, trouvé... c'est vite dit! ahahaha!
Tu écris : "Peu importe ce que j'écris, au fond ; écrire pour ne plus penser, ou plutôt, écrire pour mettre des mots sur des sensations qui défient toute pensée. Écrire n'importe quoi, soit, mais ça ne règlera pas mon problème de température trop froide pour mon accoutrement, ça."
RépondreSupprimerPessoa écrit : "Certains travaillent par ennui: de même j'écris, parfois, de n'avoir rien à dire. Cette rêverie où se perd tout naturellement l'homme qui ne pense pas, je m'y perds par écrit, car je sais rêver en prose. Et il est bien des sentiments sincères, bien des émotions authentiques que je tire du fait même que je n'éprouve rien.
J'écris en m'attardant sur les mots, comme des vitrines où je ne verrais rien, et ce qui m'en reste, ce sont des demi-sens, des quasi-expressions, telles des couleurs d'étoffes à peine aperçues, des harmonies entrevues et composées de je ne sais quel objet. J'écris en me berçant, comme une mère folle berçant son enfant mort."
Vos discours s'entremêlent et se ressemblent.
Le seul réconfort possible, errer sur les allées perdues des mots.
"Le sabbat de tous les diables" je l'ai lu chez Miller ce week end. whaouffff very hot :p Merci pour cette rêverie en direct live .. Et merci à L'achigan pour cette longue citation de Pessoa.
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