15.9.09

Pistes



Mes questions intolèrent les avanies impromptues, celles qui m'éloignant toujours trop tôt de moi-même en tant qu'ouverture sur l'extériorité, sur l'intangibilité du non-moi, malaxent les termes et les temps impartis, les chairs aux molécules si fines qu'on les dirait tissées de larmes de fées, et les moellons mal dégrossis du corps/esprit : épatante pâte, peut-être, mais si frêle, si poids-plume dans le pancrace des heures!






Blanc-seing pour penser, en retard et détriment du rythme réel (travail, travail et sommeil) :



Il y a des matins où, avant même l'aurore et sa force, je pisse la joie par tous les pores ; le parc Lafontaine me répond par ses enchevêtrements sphériques de vieille Diotime stoïcienne aux châles long, allitérés. Bruits pression atmosphérique taux d'humidité demi-jour clair-obscur et sfumato des abstractions tranquillement violentes qui s'incarnent dignement en toute chose reliée/déliée, et je comprends que des dieux il n'est rien à craindre puisque les forces atomiques, subatomiques, nucléaires faible et forte, prises en elles-mêmes, ne concourent à rien sinon à se vouloir elles-mêmes indépendemment du reste, et qu'elles n'y peuvent mais ; et le reste, c'est moi qui marche à 5h du matin dans le parc aux filaments argentés sur les tempestives langueurs des choses...





Perpendiculairement, et c'est tant mieux, je songe aussi que les récits se prennent pour des dieux, ce qui les rend moins hideux que leurs auteurs engoncés dans qui les folies du temps, qui les malices du cloître, qui les foires aux vanités où ils passent, et c'est pure nécessité, toujours déjà à côté de la vie. L'auteur se cherche alors que l'oeuvre se trouve, ou l'inverse, car au fond c'est la même histoire, c'est Homère qui ignore la beauté d'Athènes au couchant, et c'est Shakespeare qui n'est pas Hamlet, et c'est Lautréamont qui se fait enculer très-vite et très-anonymenent dans une ruelle par Rimbaud, et c'est Borges qui n'a jamais lu Tolkien. Découvrir le chef-d'oeuvre inconnu, être le premier, franchir les terrae incognitae avant les béotiens et les coquins, c'est la pulsion ancestrale du mâle alpha qui dévierge tout à grands coups de queue sanguinolente, qui dévierge tout ce qui a des trous et du mou; or la littérature, comme une pucelle ou une pute, a du mou et pleins de petits trous palpitants. Or, dans la débandade du mâle qui suit immédiatement l'éjaculation des mots, toujours de trop, il y a l'impuissance en puissance, la sénilité en émergence, et la peur du vide (celui qui vient d'être pilonné et qui s'est, par osmose, par échange de bon procédé, transféré dans le corps fourbu de l'homme) : éternelle insatisfaction, retour à l'origine, à la matrice, aux noirceurs infectes de la solitude primordiale ; ce n'était que cela... Ça n'a pas duré, tout est à recommencer, ailleurs, toujours plus loin, car on ne dévierge pas deux fois... et il faut continuer de défoncer des cons inexplorés. La bite cherche le vide qui au fond est en elle-même en tant que bite incarnée. Ainsi fait le littérateur, et ainsi parlait le pauvre Zarathoustra... De tous les philosophes qui inspire les jeunes têtes brûlées assoiffées de dépucellage incandescent, incessant, Nietzsche est sans contredit le plus emblématique, sinon le principal promoteur de la chose.







Et pourtant nous sommes quelques uns à croire possible le bonheur près de toi, Arthur Rimbaud! René Char et d'autres montrent d'autres voies, à ceux dont le but n'est pas d'être poète mais de faire de la poésie...





«... et le poète devient l'ennemi amer de la figure du poète. » Et aussi : «Il arrive que les écrivains et les artistes répondent à l'appel de la communauté par un retranchement frivole, au puissant travail de leur siècle par une glorification de naïve de leurs secrets oisifs, ou encore par un désespoir qui les fait se reconnaître, comme Flaubert, dans la condition qu'ils refusent. Ou bien ils pensent sauver l'art en l'enfermant en eux-mêmes : l'art serait un état d'âme; poétique voudrait dire subjectif. » (Maurice Blanchot, Le livre à venir)







À cette forme possible de l'apparence du poète ( c'est-à-dire le crève-la-dalle antisocial, le violent, le fort, le hasardeux que septembre ramène, etc.), qui se veut l'unique, la bonne, la véritable identité du créateur (volonté de puissance, c'est-à-dire de dévierger, de posséder en premier, de dominer les autres, mâles et femelles de la tribu d'origine, du clan toujours recherché/repoussé), nous répondons par une terrible diversité, souvent contradictoire, à mille milles de ces petites images tristes qui font de gosses pleins de talents des psychotiques en devenir, et plus qu'en puissance.






J'ai envie de tous ces étudiants de McGill que je regarde, que j'observe, tout autour de moi lorsque je sors fumer une cigarette, populace bigarrée, tigrée, pommadée et roucoulante, j'ai le sourire négligemment aux lèvres, et la libido au point d'ébullition atteint.





(Je dois m'arrêter pour l'instant ; c'est le temps de me pitcher des garnottes de sur ma face ravagée par la barbe de hipster et l'ironie acerbe du dandy, pendant que je me penche pour ramasser mes boutons de manchette garnis de cabochons rubis, pendant que j'ai la caboche préoccupée par le travail plutôt que par la blogo, pendant que j'ai le cul en l'air et les idées par terre. Bastbises!)

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