11.4.09

Miscellaneous 9 (tout en douceur)

Douce heure où j'attends mon amour. Douce heure qui vaut la peine. Douce heure qui ne dure pas. Douce heure des amants quand ils ne sont pas ensemble et le sont pourtant.




Le dernier film de Soderbergh sur le Che (en deux parties, présentées l'une après l'autre, au total 4h30 de pellicule) est non seulement interminable, mais étrangement plat. Seule la première partie du diptyque est intéressante, filmée avec une grande maîtrise, et l'interprétation de Benicio del Toro y est grandiose. Mais les longueurs ont fini par me tuer...

Est-ce que Soderbergh a réussi à éviter de montrer Che Guevara tel que la propagande communiste l'a magnifié et tel que la récupération iconique par le capitalisme l'a réduit? Je ne saurais dire. Je crois plutôt que le réalisateur a tenté de présenter son héros selon l'axe de l'apprentissage à Cuba, puis de la mise en application ratée en Bolivie, en insistant sur la réalité du terrain, les difficultés concrètes, les douleurs et les erreurs, plutôt que sur l'unicité d'une existence météorite, plutôt que sur les symboles. On aime la narration télescopée dans les deux premières heures, l'arrivée du Che à New-York et son discours à l'ONU, présentés en noir et blanc, par rapport aux combats très colorés à Cuba. Des cartes dynamiques, d'ailleurs, viennent avec pertinence soutenir la compréhension de la progression des guérilléros.

En somme, c'est un film où brille le talent d'acteurs chevronnés, mais qui s'exaspère dans la lourdeur et la longueur. Le véritable intérêt du film résidait dans la douceur du corps de mon chum, tendrement lové contre le mien.



Je suis amoureux (encore). Je suis en train de plonger dans ce que je redoutais (encore). Je suis touché jusqu'au fond de l'âme par son charme, ses yeux de biche pétillants d'intelligence et de jouvence, par sa mince et délicate blancheur, par ses fesses légères et délicieuses comme des charlottes aux framboises, par ses lèvres fines que les miennes écrasent et éraflent de ma barbe.




Prière à thé (pardon : athée) :

Que ma vie soit de pashmînâ! Qu'elle soit douce et légère, chaude et belle, d'un drapé parfait, d'une couleur inimitable, d'un (ré-) confort absolu pour les autres autant que pour moi-même, et qu'elle soit aussi exotique, que sa valeur soit aussi grande que possible. Parce que je suis d'accord sur toute la ligne avec Montaigne : "C'est un sujet merveilleusement vain, divers, et ondoyant que l'homme." Que ma vie soit de pashmînâ! Qu'elle soit tissée avec art, avec savoir, avec science, avec maîtrise et avec ce qu'il y a de meilleur. Je veux qu'en la palpant, on ne sente pas le nombre d'erreur, de rapiéçage, de déchirement, de salissure par lequel elle est passée. Je désire qu'on puisse la regarder avec envie et que quiconque puisse se la permettre pourtant. J'exige qu'elle fasse honneur au passé, à mon entourage, à moi-même, à l'humanité. Qu'on puisse dire d'elle : c'est un bonheur de châle. C'est un magnifique châle et il ne s'en fera plus jamais d'identique. Que ma vie soit de pashmînâ!






Mylene Farmer - Pourvu Qu'Elles Soient Douces(1988)




Je cherche le sens de ma vie dans chaque recoin de parfum qui reste aux choses profanées par le destin. Je cherche ton regard, je cherche ton pouls, je cherche nos bonheurs éphémères comme une chanson triste. Et dans le miracle de deux corps qui se perdent l'un en l'autre, je cherche encore, mais sans désirer quoi que ce soit d'autre que ma recherche elle-même. (Il n'y a pas de sens à donner à l'amour, à la souffrance, à la misère : c'est aux autres qu'il faut penser, et tenter de transformer la société à défaut de transformer les coeurs, ces forêts périlleuses où se perdent nos ans à rechercher la quête, à désirer l'aventure inachevée, à jamais inachevée.)





Le climat s'adoucit. L'été s'annonce chaud. Et Montréal sera le terrain de nos jeux, de nos folies, de nos embrasements... Montréal ruissèlera littéralement (littérairement) de sperme.




À LA DÉSESPÉRADE

Ce puits d'eau douce au goût sauvagin qui est mer ou rien.

- Je ne désire plus que tu me sois ouvert,
Et que l'eau grelottant sous ta face profonde,
Me parvienne joyeuse et douce, touffue et sombre,
(Passagères serrées accourues sur mes lèvres
Où réussissent si complètement les larmes),
Puits de mémoire, ô coeur, en repli et luttant.

- Laisse dormir ton ancre tout au fond de mon sable.
Sous l'ouragan de sel où ta tête domine,
Poète confondant [de naïveté], et sois heureux.
Car je m'attache encore à tes préparatifs de traversée!


René Char (Poèmes en archipel)




Visages aux regards doux que je croise en marchant sur ces sentes de la vie douce-amère, je vous regarde et vous pardonne tout, parce que dans le pardon que j'établis sur mon horizon tremblant aux orangés grandioses, le rosé des termes répondant à l'avance aux avances de la rosée du matin sur les fronts bombés des fleurs, des feuillages et des ouvrages aussi éphémères que les empires au couchant quand les saisons babillent nos émois éternels, c'est mon propre pardon que je sème, et dont la moisson sera complétée comme une promesse joyeuse après que mes yeux se soient fermés, pour une dernière fois, dans un sourire de fin d'été. Visages aux regards fous, ne laissez pas s'éteindre le feu sacré des souvenirs.




Mes amis, vous faites les frais de mon indisponibilité amoureuse. Je suis à la fois si désolé et tellement heureux que je ne vous demande pas pardon. Soyez prêts aux retrouvailles, soyez doucement nostalgiques de ma présence, et soyez toujours assurés de mon affection la plus vive.

Basta! On n'a qu'une vie à lire.





11 commentaires:

  1. @ Maphto : À l'impossible nul n'est tenu, mais "impossible" n'est pas français... Bondance, je suis l'exception qui ne confirme ni n'infirme aucune règle! Je te souhaite l'amour, Maphto. L'amour fou, aveugle et océanique. Parce que ce ne sera jamais un amour "gai", ce sera l'amour point.

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  2. Ça existe l'amour fou, aveugle et océanique ?

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  3. Au fait, Bast, qu'est-ce qui te plaît chez ce gars ? Et, peut-être la question la plus importante, qu'est-ce que tu penses qui lui plaît chez toi ?

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  4. "Soyez prêts aux retrouvailles, soyez doucement nostalgiques de ma présence, et soyez toujours assurés de mon affection la plus vive."

    Ouin... :p

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  5. Si tu cherches le sens de la vie, ne t'aventure pas dans un sens unique.

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  6. "Que ma vie soit de pashmînâ! Qu'elle soit douce et légère, chaude et belle, d'un drapé parfait, d'une couleur inimitable, d'un (ré-) confort absolu pour les autres autant que pour moi-même, et qu'elle soit aussi exotique, que sa valeur soit aussi grande que possible" - Ah, quelle beauté crue, que d'espérance dans cette oraison pas funèbre du tout !

    Si vous permettez, doux Bastologue, je l'inclus dans mon petit livre saint. Il me faudrait une prière comme celle-là pour chaque nouvelle journée.

    Tu as un don Bast. Tu sens comme personne...
    Pour cela, tu es l'homme le plus riche (Dieu, on dirait du Paulo Coelho!) .
    Ah ! J'encense ta nouvelle relation si tu peux nous faire jouir par la lecture tout le temps comme ça.

    Il faudra que vous vous sépariez de temps en temps par contre pour nous réintégrer dans le cours normal de ton grand fleuve vivant.
    Cela dit, rien ne presse.
    Vas, et sois heureux mon ami !

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  7. Merci de faire partie de mes lectures, puisqu'on a qu'une vie à lire, aussi bien lire le meilleur. Soyez amoureux. Salutations,

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  8. @ -A : Je sais... c'est un peu moche... mais je vis dans un univers parallèle... pour l'instant... je vais redevenir disponible avant longtemps, don't worry darlin! Air kiss! ;)

    @ Youknowmebetter : Dites cette prière athée en mémoire de moi, pour les siècles des siècles... Merci tellement pour ces douces paroles, et je m'ennuie moé itou d'une licorne et de quelques zoaseaux....

    @ motdotcom : J'apprécie tellement vos commentaires!!! Mes hommages!

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  9. Bastalicious, je suis trop contente! Je reviens d'un weekend à la campagne (ça veut pas dire que j'ai passé trois jours sans me laver ou me raser, ça veut juste dire trois jours loin d'un ordi, mais proche de canards-chiens-frontière américaine-liqueur de Starbucks), et wouah, je vais enfin pouvoir lire ce que tu as écrit depuis que je suis partie.

    Et ça, c'est la joie. Surtout que tu as l'air aussi heureux que les disciples de Jésus quand ils ont vu Jésus tout résurrecté et tout. Bisous Bastachou!

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