Les os qui font "cric-crac-croc" dans du lait homogénéisé certifié bio équitable

Première médiatique au Théâtre d'Aujourd'hui, ce soir : c'est complètement fou! on se presse au guichet improvisé à l'entrée, les filles se tirent les cheveux, les gars se font des jambettes, les membres les plus en vue de la bonne société montréalaise se piétinent et s'assassinent à qui mieux mieux, je suis violemment bousculé sur Françoise David qui faisait la conversation à des inconnus calamiteux et très-mondains couverts de sang, ça rit à gorge déployée, les sacoches arborent des clous rouillés et des lames de rasoir pour un maximum d'efficacité, on enjambe les cadavres de madame Chose et de son mari grabataire, et aux toilettes on soigne les blessés qui vont survivre, les autres on les empilent sous l'escalier, parce que de toute façon ce sont des actrices has-been qui prennent toutes les places assises en attendant d'aller suer au parterre entre deux chroniqueurs culturels cannibales, mais déjà Marie-Thérèse Fortin tire un coup de feu dans les airs pour faire le silence sur le massacre ambiant, taisez-vous bande de profiteurs du système, de pique-assiettes, de fausses blondes et de vrais enculés, la PIÈCE va commencer, vos yeules! car c'est du sérieux, la vice-secrétaire adjointe du demi-ambassadeur de nulle part à l'ONU va être là pour répondre à vos questions sur les enfants-soldats le je-ne-sais-plus-quelle-date-en-avril, et les connards qui n'auront pas éteint leur téléphone à poche seront exécutés, on fusille la première rangée pour donner l'exemple, les lumières s'éteignent, les coeurs continuent de pomper l'alcool et les oméga 3, puis



rien.




Une pièce plate comme la ligne d'horizon à Acapulco (où je ne suis jamais allé). Une pièce qui aurait dû nous arracher les tripes, faire trois noeuds coulants et nous étrangler avec. Rien!!! Une vieille actrice qui chuinte, deux pseudo-enfants-soldats en cavale dans des jeux de lumière, une scénographie qui est froide comme la digne épouse de Stephen Harper, et un vide abyssal où nous sommes plongés, dans la poix d'un texte qui endort les plus velléitaires. Fuck. Fuck. Tabarnac. J'aurais dû aller voir ParadiXXX...

S'EMMERDER AU THÉÂTRE C'EST CRIMINEL SACRAMENT!!!

Surtout assis, comme je l'étais, immédiatement à côté du metteur en scène...



Merci quand même à Dom de m'avoir invité.