10.2.09
Badtrip
C'est pas clair dans ma tête parce que j'ai la nausée qui me chamboule le coeur, et que tout mon corps est en réaction violente, mais l'idée est là, lancinante, et me perturbe : rien ne se préserve éternellement. Rien ne dure. Rien n'est stable. Et j'ai beau ne rien faire, ne rien dire, et pourtant y attacher le prix et de la valeur, prendre mon temps, laisser les choses aller en me laissant porter comme un oiseau sur les diagonales folles du vent, tout finit par se corrompre... Par se briser. Par changer. Et si un instant je crois le contraire (ou l'espère, ou le désire), si un instant, un instant seulement, je crois que les amis sont là, que les amours sont à nouveau possibles, que les liens sont tissés, que les choses prennent une consistance ontologique, que les mots sont purs, que les habits neufs de l'empereur sont riches, alors l'instant d'après je me réveille : je me réveille, sacrant, nu, seul, hurlant, hurlant comme un éperdu humilié et honteux, hurlant de douleur et de vacuité douloureuse, nu en boule comme un serpent tortillant sa froide vérité autour de lui-même, froide sécheresse, vision de mort, ma peau sans mue se détirant comme une vivante plaie homogène de par toute la surface de ma prison soudainement ouverte sur la réalité. La réalité, la seule qui demeure après la destruction violente et inattendue de mes illusions, qu'est le vide. Le vide. Le vide nu et aigu. Le vide plein de lames de rasoir. Un vide de douleur sans fin. Sans fin.
Tout change. Rien ne dure. Rien ne demeure même si je le souhaite de toutes mes forces. Rien n'échappe à la roue de fortune des Anciens, qui tourne, qui tourne, qui tourne sans fin, en me laissant, cuisante douleur, seul et nu et à demi-mort dans le vide qui n'est même pas indolore. Long, long badtrip. Longue, longue agonie. Et on voudrait que j'accepte les conditions de ce monde?
J'ai mal au coeur, ce soir, de me rendre compte que je ne comprendrai jamais pourquoi tout change, tout se délite, tout me trahit.
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J'adore les rencontres brèves. Je suis nostalgique de toutes les conversations que j'ai pu avoir avec ces inconnus de passage; au coin d'une rue, dans une salle d'attente, sur le quai du métro. La beauté de ces rencontres résident dans cet instantanéité du moment. Je crois que c'est ce qui m'a réconciliée avec ce monde changeant. Savoir que j'ai cette si belle possibilité de garder en souvenir ces instants, qu'il y en aura d'autres qui viendront éventuellement se greffer pour former une jolie toile.
RépondreSupprimerLes Japonais ont l'habitude de pique-niquer sous les cerisiers en avril. Nous admirons les arbres gorgés de fleurs, mais eux, admirent les pétales qui se détachent et tombent. Ils voient la beauté dans l'éphémère. C'est l'esthétisme du wabi-sabi.
Alyss, mes hommages. Je suis et demeure et plus que jamais ton obligé. Merci pour ce commentaire qui rejoint précisément mon état d'esprit mais comme par l'autre bout...
RépondreSupprimerJe connais davantage l'esthétisme et la philosophie et les religions chinoises que tout ce qui touche au Japon. Mais j'ai ouï-dire que les prêtres du shintoïsme (la religion ancestrale du Japon), détruisent et reconstruisent périodiquement les temples et les lieux saints : plutôt que de s'attacher au matériel, ils mettent leur énergie à refaire, réactualiser, sur les mêmes bases et selon les mêmes principes, mais de zéro à chaque fois.
Je me sens impuissant à rien retenir dans mes bonnes vieilles mains. Je me sens impuissant alors que tout risque à tout moment de disparaître à jamais.
Merci de me lire. Merci pour tout.
Les cahots de l'âme... peu différents de ceux que j'éprouve maintenant.
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