24.2.09

Four Women

Le mois de l'histoire des Noirs se termine et je m'en serais voulu, pour différentes raisons, de ne pas écrire à ce sujet. J'avais surtout envie de parler de quatre femmes afro-américaines qui m'inspirent et que j'aime. (Le choix était déchirant, et je m'en suis tenu à des Afro-Américaines, mais c'est loin d'être les seules qui honorent les femmes noires à travers le monde).




Étant donné que je suis full concept, j'ai calqué ce billet sur la chanson Four Women, de Nina Simone, avec laquelle je suis profondément en amour. Nina Simone est "the High Priestress of the soul" et ce n'est pas pour rien. Elle a une voix qui arrache, une attitude inimitable, un caractère de cochon (pour dire le moins) et un talent qui dépasse l'entendement.



Cette chanson a fait scandale. Même parmi la communauté afro-américaine. Car elle est d'une violence et d'une vérité cruelles, qui la font témoigner pour des générations de femmes noires dominées par l'esclavagisme, le racisme, la ségrégation et le patriarcat.

Nina Simone a milité pour les Civil Rights à l'époque du révérend Martin Luther King, qu'elle connaissait personnellement. Après de nombreuses années de lutte, de chant engagé et de deuil, la grande Nina s'est exilée en France.

J'aime Nina Simone. J'aime son oeuvre. J'aime ce qu'elle représente : la puissance de l'art engagé, sans compromis, sans compromissions.





La deuxième grande dame dont je désire faire l'éloge est une icône encore plus forte de la lutte pour l'égalité des Noirs aux États-Unis. Angela Yvonne Davis, après une enfance marquée par l'horreur du racisme et de la ségrégation, a étudié la philosophie en Europe, auprès des maîtres de l'école de Francfort, Adorno et Marcuse en particulier. Devenue une marxiste et une féministe notoire aux États-Unis, elle fut emprisonnée et accusée de complicité dans un acte meurtrier posé par des militants Black Panthers dont elle était proche. Une immense vague de solidarité mondiale se souleva pour réclamer sa libération : de Sartre à Prévert, en passant par John Lennon et Yoko Ono, qui lui dédièrent une chanson (assez ordinaire, au demeurant), Angela.

Dans l'extrait que je n'arrive pas à placer sur mon blogue mais qui est disponible en cliquant sur les mots que j'écris présentement, Angela Davis répond dans un excellent français aux questions d'un journaliste suisse à propos de son parcours. J'adore!

Elle enseigne encore, en 2009, et son dernier livre, Les Goulags de la démocratie, dénonce encore et toujours le système carcéral états-uniens, où les Noirs sont surreprésentés parmi les quelque deux millions de prisonniers qui le compose.



La troisième femme qui m'inspire, j'en ai parlé dans un billet précédent. C'est Amina Wadud. Je trouve que le texte paru dans Libé en 2005 dit tout, à son sujet :

Amina Wadud : "Nous voulons être des musulmanes modernes"

Amina Wadud, Afro-Américaine convertie dans les années 70, est une des figures majeures du féminisme musulman. Professeure d’études islamiques à l’université du Commonwealth de Virginie, elle avait fait sensation, en mars [2005], en dirigeant la prière du vendredi dans une mosquée new-yorkaise devant une assemblée mixte. Elle y avait appelé à l’égalité hommes-femmes ; plus tôt, au Canada, elle s’était montrée favorable au mariage homosexuel entre musulman(e)s. Son livre (Coran et femme) relit le Coran depuis une perspective féminine. « Je propose un jihad antisexiste parce que le temps est venu pour les musulmanes de revendiquer leurs droits. C’est une tâche titanesque, car c’est un défi aux ultraorthodoxes qui monopolisent l’interprétation des textes. Je vois grandir cette contestation révolutionnaire, même si je mourrai avant que des grands changements se produisent. [...] J’ai entrepris des recherches : en quatorze siècles, il ne s’était pas écrit une ligne sur des interprétations féminines des écritures. Or, dans le Coran, il y a davantage de versets sur la justice sociale liée aux femmes que sur tout autre type de justice. [...] En résumé, nous ne voulons pas être des Occidentales modernes, mais des musulmanes modernes. »

(François MUSSEAU, publié dans Libération, mercredi 2 novembre 2005.)

Ici, elle parle de l'importance pour l'islam d'une lecture spécifiquement féminine des textes sacrés :



Amina Wadud est, peut-on dire, très peu appréciée par les islamistes et les traditionalistes... Et dans le contexte post-11 septembre dans lequel elle s'inscrit, le fait d'être musulmane aux États-Unis représente un combat de tous les instants contre l'intolérance, l'ignorance et l'islamophobie. Son courage m'inspire énormément.




Finalement... bah... c'est sûr que ça crée une certaine rupture avec les trois précédentes, mais je DEVAIS parler d'elle : Pam Grier! Y a-t-il une seule femme aussi funky qu'elle dans la cinématographie des années 70??? Je l'ai découverte, comme tout le monde, dans son grand "come-back" de Jackie Brown, le film de Tarantino qui n'a pas autant plu que Pulp Fiction, mais pour lequel je garde une affection particulière. Elle joue désormais dans des séries policières et surtout dans la série télévisée axée sur l'homosexualité féminine "The L Word".

On peut voir ici la sublime actrice danser au début d'un film de série B, Foxy Brown...




LOVE YA SISTA!!!!

5 commentaires:

  1. C'est à Billie Holiday que je désire, moi, rendre hommage. Et Strange Fruit, qu'elle fut la première à interpréter, est quand même devenu un hymne pour les droits des noirs. Avec sa voix ''maganée'' de chanteuse non moins ''maganée'' que j'adore...
    Étrangement, écouter du Billie me rappelle toujours Noël: mon père sortait ses vieux disques en montant l'arbre et j'avais exceptionnellement le droit de veiller.
    Quand je suis partie en appart, c'est le premier album que je me suis achetée...

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  2. Je suis tellement d'accord!!! Billie Holiday est une des trois grandes avec Ella Fitzgerald et Nina Simone. J'ai vraiment hésité à la mettre dans ma liste, mais je ne connais que trop peu sa vie...

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  3. John Lennon et Yoko Ono, qui lui dédièrent une chanson (assez ordinaire, au demeurant), Angela.

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    Pff! Gerry Boulet aussi!

    (Bon, ça avait pas rapport avec cette Angela vraiment là, MAIS ÇA COMPTE PAREIL!)

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  4. Ahahahaha!!! J'avais oublié la toune de Gerry... MARCI!!!

    Et Whoopi... I KNOW!!! Elle est que trop hot. Mais bon. Je n'ai pas parlé de Toni Morrison, ni d'Oprah, ni de Michelle Obama...

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