"Je n'ai plus de fièvre ce matin. Ma tête est de nouveau claire et vacante, posée comme un rocher sur un verger à ton image. Le vent, qui soufflait du Nord hier, fait tressaillir par endroits le flanc meurtri des arbres.
Je sens que ce pays te doit une émotivité moins défiante et des yeux autres que ceux à travers lesquels il considérait toutes choses auparavant... C'est alors, en vérité, qu'avec l'aide d'une nature à présent favorable, je m'évade des échardes enfoncées dans ma chair, vieux accidents, âpres tournois.
Pourras-tu accepter contre toi un homme si haletant?" (Lettera amorosa, René Char)
Je sens que ce pays te doit une émotivité moins défiante et des yeux autres que ceux à travers lesquels il considérait toutes choses auparavant... C'est alors, en vérité, qu'avec l'aide d'une nature à présent favorable, je m'évade des échardes enfoncées dans ma chair, vieux accidents, âpres tournois.
Pourras-tu accepter contre toi un homme si haletant?" (Lettera amorosa, René Char)
Ton iris joue à cache-cache avec la lune. Qu'elle te trouve et te révèle tu sembles soudain transpercer ces nuages. L'hiver est vaincu par tes grands yeux doux qui couvent la ville, amoureusement. Montréal, vieille illusion, fond de toutes ses pierres bisaiguës.
"Chant d'insomnie :
Amour hélant, l'Amoureuse viendra,
Gloria de l'été, ô fruits!
La flèche du soleil traversera ses lèvres,
Le trèfle nu sur sa chair bouclera,
Miniature semblable à l'iris, l'orchidée,
Cadeau le plus ancien des prairies au plaisir
Que la cascade instille, que la bouche délivre."
(René Char)
Amour hélant, l'Amoureuse viendra,
Gloria de l'été, ô fruits!
La flèche du soleil traversera ses lèvres,
Le trèfle nu sur sa chair bouclera,
Miniature semblable à l'iris, l'orchidée,
Cadeau le plus ancien des prairies au plaisir
Que la cascade instille, que la bouche délivre."
(René Char)
Mes émois s'effeuillent comme de grands livres tôt tombés du lieu. Je suis mûr. Je me sens pulpeux, juteux, sucré, acidulé, craquant. Offert à ta désaltérance. Mirobolant, enfin!
Si je tombe ma chute t'est signée.
Si je rougis, ma nature ignée
Te sera révélée.
Croque mes joues, rougies de vents divers
....................n'être en hiver.
"Je voudrais me glisser dans une forêt où les plantes se refermeraient et s'étreindraient derrière nous, forêt nombre de fois centenaire, mais elle reste à semer." (René Char)
J'ai ciselé des mots pour t'en faire un bijou de fête! Tu seras le plus beau. Tu seras vêtu de mots comme autant de petites pierres précieuses : elles formeront un vivant écrin éblouissant pour tes yeux et pour chaque partie de toi que j'ai envie de préserver, de présenter. Mémoire de boîte à musique et de velours tissé d'ors!
"J'ai ri merveilleusement avec toi.
Voilà la chance unique."
(René Char)
Voilà la chance unique."
(René Char)
"Qui n'a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d'un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions?"
(René Char)
Je me surprends à ne plus comprendre la lune ni le vent. Je suis surpris par les ombres et une ville que je ne reconnais ni des lèvres ni des dents.
Je veux m'emballer! Je veux mettre en boîte mes peurs et mes névroses. Je veux te couvrir, te couver, te réchauffer...
"Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue, il leur était interdit de s'élancer et de se joindre. Notre voix court de l'un à l'autre ; mais chaque avenue, chaque treille, chaque bosquet, la tire à lui, la retient, l'interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent je ne parlais que pour toi, afin que la Terre m'oublie." (René Char)
"Cet hivernage de la pensée occupée d'un seul être que l'absence s'efforce de placer à mi-longueur du factice et du surnaturel." (René Char)
Plombe-moi. Mes mains s'écaillent. Mes yeux pissent du vert par les échancrures du soleil pressé comme un avocat trop mûr. Ne reste que le noyau pur, dont je contemple la sphérité parfaite en réfléchissant à l'amour. Et cette juvénile pâleur -- rousseur des couchants.
Je t'attends.
C'est magnifique ce que tu fais, Bast.
RépondreSupprimerJe suis ton disciple.
René Char est un amoureux fou !
RépondreSupprimerÀ chaque fois que je te lis, j'ai l'impression que tu m'as écrit une lettre d'amour. Si je sortais avec toi, tu m'en écrirais-tu à chaque jour ?
RépondreSupprimer@ YKB : Char et moi, c'est tout un. Il est meilleur que moi, mais je suis plus amoureux et plus fou que lui.
RépondreSupprimer@ -A : ... À tous les jours, et plus encore.
Parce que je ne suis pas autrement bâti de l'intérieur. Que je construise des châteaux en Espagne ou des nids d'amour dans les arbres, haut perchés sur les cimes du monde, je ne trafique pas moins mes versets sur des bouliers multicolores en pensant à ceux que j'aime.