29.4.09

Constats : tout "ça" (entre autre)

- 227 nouveaux billets à lire sur les blogues auxquels je suis abonné sur mon Reader... ça fait long, un peu, à lire... et à commenter... Par où je commence??? :S

- Entendre la voie de crécelle du maire Tremblay à la radio, ça tue l'érection matinale.

- Jacques le Fataliste, de Diderot, ça arrache! Décidément, Diderot, il gagne à être tout lu, et relu.

- Des poils incarnés, ça n'a aucun but dans la vie. C'est comme si ma pilosité était trop conne pour comprendre dans quel sens pousser.

- Le soleil, ça m'endort. WTF?!?

- Tenter d'interpréter des rêves. N'empêche que ça sert strictement à rien. À moins de rêver à des choses plus intelligentes ou plus symboliquement hot que ce que mon cerveau réussit à produire la nuit.

- Ça pue, des fois, sans raison, sur le Plateau. On dirait que Montréal est un vaste cadavre en putréfaction.

- Chercher un emploi très valorisant et très payant quand on n'a aucun métier, aucune formation précise, aucune envie particulière, aucun respect pour le système économique actuel, aucune intention de se fendre le cul pour des secteurs économiques débiles ou des compagnies minables, aucun intérêt dans la vie à part baiser et lire de la poésie, écrire et boire du café avec des amis, ça part mal.

- N'empêche que ça m'aurait plu d'avoir été mage, dans la religion zoroastrienne, à l'époque de Cyrus le Grand. Vénérer le feu, lire l'Avesta (à l'époque où il était encore complet), pratiquer la divination, faire peur aux Grecs et aux Hébreux, entrer en union mystique avec le grand dieu Ahura Mazda et ses Amesha Spenta, ça le fait.

- Ça fait vraiment du bien, une fellation. Ça calme...

- Ça passe vite, le temps.

28.4.09

My own private BO

Un ami m'a taggué sur la musique qui composerait la trame sonore de ma vie si mon lecteur était en mode aléatoire...

Instructions :
1) Ouvre ton programme de musique (iTunes, Winamp, WMP, etc)
2) Mets-le en mode ALÉATOIRE.
3) Appuie sur JOUER.
4) Pour chaque situation énoncée ci-dessous, entre le titre et l’artiste de la chanson qui joue.
5) À chaque fois que tu passes à une autre situation, tu dois appuyer 2 FOIS sur l’option SUIVANT.
6) Ne triche pas pour bien paraître... Sois honnête, c’est plus drôle !
7) «Tag» les gens dont tu aimerais voir les réponses !
8) Faites une Liste et écoutez-la en boucle



Générique d’ouverture : La Marche Nuptiale, de Barbara

Ton réveil le matin : Quatre murs et un toit, de Bénabar

Ton premier jour d’école : Rebel Rebel, de David Bowie

Ton premier coup de foudre : Cripple and the Starfish, de Antony and the Johnsons

Ta perte de virginité : Inertia Creeps, de Massive Attack

Ta première bataille : All Apologies, de Nirvana

Ta première rupture : Night of the Dancing Flame, de Roisin Murphy

Ton bal de graduation : Epilepsy is Dancing, de Antony and the Johnsons

Ta croissance – De la maternelle à l’université : Closing, de Philip Glass

Une crise de nerfs qui te fait perdre contrôle : La Foule, d'Édith Piaf

Ton premier roadtrip avec tes amis : Karma Police, de Radiohead

Un flashback qui te revient : Cat People (Putting Out Fire), de David Bowie

Tu décides de reprendre avec ton ex : I can make you a man, tiré du Rocky Horror Picture Show

Ton mariage : Maria Elena, de Cesaria Evora

La naissance de ton premier enfant : Nightclubbing [Baby Doc Remix], de Iggy Pop

Tu découvres qu’on t’a trompé(e) : Je t'aime moi non plus, de Serge Gainsbourg

Fête d’anniversaire : Butterfly Caught, de Massive Attack

La mort de quelqu’un qui t’es cher : Stand Above Me, de Antony and the Johnsons

La chanson de ton enterrement : Désormais, de Charles Aznavour

Ta première rencontre avec ton/ta meilleur/e ami/e : Chez les Yé-Yé, de Serge Gainsbourg

Ton premier party : I Can't See Nobody [Daniel y. Remix], de Nina Simone

Ton anniversaire de 18 ans : The Girl from Ipanema, de Getz/Gilberto

Ta première sortie en amoureux : Two of Us, de Aimée Mann et Michael Penn (tiré de la BO de I am Sam)

Ton premier concert : Paranoid Android, de Radiohead

Ta première journée au secondaire : Electioneering, de Radiohead

Ton premier baiser : Golden Years, de David Bowie

Scène sensuelle : X-Static Process, de Madonna

Générique de Fin : Concerto in B Flat major, de Tomaso Albinoni



Troublant, mais moins intéressant que d'autres types de tagues, parce que le hasard me semble moins drôle que plusieurs autres manières de créer du cocasse. Enfin bref.

Je tague Fielleux, l'Achigan, Alex, Dark et Chuck.

27.4.09

Miscellaneous 10

Bast is back!


Mon état de santé lamentable a interrompu ce blogue trop longtemps. J'ai perdu des lecteurs, j'ai perdu un momentum que j'espérais mettre à profit, mais basta! on recommence sur les ruines fraîches de cette collection de billets de valeur inégale.










Grippe porcine : comment les médias vont finir par nous tuer.




Genet



Ce fut le Jour de la Terre, la semaine dernière. Le lendemain, c'était la Journée du Livre et du droit d'auteur. En tout, 190 journées mondiales de quelque chose réparties inégalement sur l'année. Est-ce trop? Trop fragmenté? Article sur Slate.fr ici. À noter que durant la l'Antiquité, à Rome, le calendrier était divisé en jours fastes et néfastes, décidés par le collège des pontifes après de savants calculs astronomiques et quelques tordages de bras, au final, il y avait plus de la moitié de l'année qui était fériée (pas nécessairement pour les esclaves, par contre), chômée, consacrée à des fêtes religieuses ou profanes. Évidemment, Lucien Bouchard n'était pas là pour chiâler contre la paresse des Romains...







Je crève la dalle... littéralement. J'ai jamais été aussi pauvre. Mais je n'ai jamais été aussi heureux non plus (sans qu'il y ait un lien de causalité entre les deux situations). Je ne suis pas stressé pour les questions financières, mais là, il y a des limites à tout. Souhaitez-moi bonne chance...




Mantra de la semaine : Beautiful dirty rich






Okay, okay, c'était une joke. Vrai mantra de la semaine : Ain't got no... I've got life!
(Le seul blanc dans la crowd, c'est moi, dans le temps que j'étais un Black Panther avec Jean Genet.)






Côté sexe, je suis tellement satisfait que c'en est indécent. Je l'aime tellement... Nous avons de la difficulté à nous arracher l'un à l'autre. Son cul est une pure merveille. Nous écoutons de la musique, nous nous lisons des poèmes, des nouvelles. Nous faisons l'amour partout, tout le temps. À chaque instant, nous nous aimons davantage.




Genet par Giacometti



Ça me fait penser à un poème de Saadi, l'un des trois plus grands poètes persans. Cela va comme suit :

L'AMOUR MYSTIQUE

Une nuit, ne pouvant dormir, je m'en souviens,
j'ouïs le papillon disant à la chandelle :
"Je t'aime; que je sois consumé, c'est logique;
mais de ta part, pourquoi ces plaintes, cette ardeur?"
"Pauvre amoureux de moi!" répond la chandelle,
"le miel, mon doux ami, fut séparé de moi;
depuis que sa douceur se trouve loin de moi,
comme Farhad, l'amant célèbre, un feu me brûle."
Tandis qu'elle parlait, un torrent douloureux
de pleurs se répandait sur son visage pâle.
Elle dit : "Présomptueux! l'Amour n'est pas ton fait :
tu n'as pas la patience et la persévérance,
car au moindre contact de ma flamme, tu fuis;
moi, je reste, pour être entièrement consumée;
si le feu de l'amour brûle un peu ton aile,
vois! il me brûle, moi, du pied jusqu'à la tête;
néglige ma lumière éclairant l'assemblée!
vois mon torrent de pleurs émouvants, mon ardeur!"
Une part de la nuit n'était pas écoulée
qu'une belle éteignit tout à coup la chandelle.
Tandis que sa fumée s'élevait, elle dit :
"Tel est donc le dénouement de l'Amour, ô enfant!
Voici donc le moyen, si tu veux le connaître :
de ses ardeurs tu n'es sauvé que par la mort."




Genet par Giacometti



Y a-t-il un sujet d'actualité plus ennuyant, plus débile et plus soporifique que la politique municipale??? Je ne comprends pas comment des gens peuvent se sentir interpelés, ou juste intéressés par la chose municipale. En fait, j'aimerais l'être, mais il est évident qu'à moins d'une formidable transformation radicale de la situation actuelle, ce n'est pas demain la veille que Montréal va redevenir une grande métropole de niveau internationale, gouvernée par une véritable démocratie et des gens de qualité. Pity.



Merci à tous ceux qui m'ont attendu, qui se sont soucié de moi, qui ont pensé à moi, qui m'ont dédié un orgasme et qui ont encore un coeur humain malgré l'écoute intensive de Lady Gaga.



22.4.09

Correspondant : Alex !

Félicitation à Alex pour son texte très pertinent sur le féminisme qui a été publié sur le magnifique site jesuisféministe.com (vous le trouvez en hyperlien depuis déjà plusieurs semaines dans la barre à droite "bastinfos") :

Compter dans son propre but

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Extrait :

"Une grande part de l’incompréhension du féminisme de la part des hommes réside dans l’idée même de vouloir redéfinir un genre. Dans notre société, on inculque aux hommes, de manière insidieuse, les comportements sexuels qu’ils devraient adopter. Souvent, les hommes n’arrivent pas à voir les pressions sociales qui pèsent sur eux et ont du mal à comprendre le fait que la masculinité, leur masculinité ne soit pas innée, mais bien acquise.

Pour la plupart des hommes, le mot masculinité est monosémique. Par le biais de divers système, notamment l’éducation et la publicité, on fait croire aux hommes que leur virilité est biologiquement déterminée et que, par le fait même, il est impossible pour eux de se construire une identité sexuelle alternative. Un paradoxe réside toutefois, cette virilité, soi disant biologique, doit être quotidiennement démontrée et prouvée; la virilité n’a pas un caractère permanent, elle doit constamment être réaffirmée."

Je suis un éthicien japonais


J'ai été malade comme un chien andalou, lately. Du vrai de vrai mal qui t'assomme et t'amenuise, qui te rentre dedans comme un train de banlieue en retard, qui te fait égrainer tes symptômes comme un chapelet satanique interminable.


Question : Dans ces moments-là de grande, de très grande souffrance physique et mentale, que sont les amis devenus?


J'ai la chance d'avoir des amis extraordinaires, des amis extrêmement talentueux, qui m'épatent et me stimulent et m'encouragent et me soutiennent. J'aime à dire que je suis le fan numéro un de mes amis. Ma meilleure amie (qui vit en France désormais) m'a déjà littéralement sauvé la vie. D'autres de mes amis, les plus maternelles, les plus aimants, m'ont consolé, écouté, sauvé du pétrin, et parfois jugé avec sévérité (mais c'est très sain, et j'accepte toujours de reconnaître mes défauts pour grandir moralement). Même les pires conflits finissent par se régler quand l'amitié n'est pas contrecarrée par autre chose.

Soit dit en passant, je constate que dans notre société supposément "individualiste et matérialiste" (quoi? il est de bon ton de vomir sur la société, qui n'est jamais aussi "hot" que ce que l'on voudrait, même si les gens n'ont jamais été aussi reliés les uns aux autres, les barrières sociales aussi abolies, les valeurs matérielles si peu valorisées par rapport à tout ce qui relève de la pop-psycho et du discours moralisateur sur "l'important c'est d'être heureux, pas d'être riche") , nous sommes invités à cultiver les amitiés au détriment du reste. Un ami, ça passe avant tout. Un ami, c'est éternel. Un ami, ça sera toujours là pour toi.

J'en doute...

Je sais que ça paraît mal de critiquer cette idéologie de l'amitié absolue, mais je crois que c'est dangereux et utopique de croire que l'amitié surclasse tout, survit à tout et passe avant tout. Plus particulièrement, c'est la culpabilité qu'engendre cette idéologie qui me choque. Entendez-moi bien : je ne suis pas en train de dire que l'amitié n'est pas importante dans ma vie, ou qu'elle ne devrait pas l'être. Au contraire : je suis un party animal dans mon genre, un social addict, quelqu'un d'hyperconnecté (deux téléphones, un fixe et un portable, avec boîtes vocales, une porte grande ouverte à tout le monde - j'ai très souvent et très agréablement accueilli des amis chez moi, pour une nuit, quelques semaines ou des mois -, et trois adresses courriel, et un compte de clavardage sur lequel je me connecte rarement parce que ça me donne mal au crâne de gérer huit conversations en même temps, et une adresse postale, et un ordinateur portable, bref, je suis là). Mais.

Car il y a un mais.

Visiblement, ce n'est pas assez, semble-t-il, d'être hyperconnecté. Il faut aussi être hyperdisponible. Être hyperactif sur le téléphone. Donner des nouvelles. Demander des nouvelles. Planifier des sorties.

Le problème, c'est que je ne suis pas capable. Je n'aime pas téléphoner aux gens pour rien. Déjà que dans la vie, il y a tellement d'événements heureux et malheureux, de grandes et de petites occasions, sans parler du boulot, du métro et du dodo... "Allô ça va? - Oui toi? - Oui... Qu'est-ce tu fais? - Bah rien... et toi? - Ben j't'appelle! Ahahah! As-tu des nouvelles de..." BORING.

C'est comme parler à un enfant au téléphone : worst moment ever à passer. Comme tout le monde, j'ai foutrement rien à dire à un enfant.

Ce que je veux dire, c'est que je veux que mes amis se sentent à l'aise de cogner chez moi pour venir prendre un café. Pas qu'ils me reprochent de ne pas leur téléphoner assez souvent!!!

Je veux que mes amis se sentent assez à l'aise pour me téléphoner en pleine nuit s'ils ont peur du bone setter ou de leur ex. Je veux que mes amis m'invitent à les accompagner au théâtre, au cinéma, à la buanderie, au dépanneur, à la clinique. Je veux être assez à l'aise avec mes amis pour leur dire que ça ne me tente pas de les voir si j'ai pas la pêche, et que c'est pas grave, on va se reprendre. Des amis, si ça devient harcelant ou manipulateur, j'ai pour mon dire que c'est parce qu'ils ont besoin de tomber en amour ou de commencer une thérapie. Cas extrême, je sais, mais il y en a. Malheureusement.

Je veux pouvoir faire passer certaines choses avant l'amitié. Pas n'importe lesquelles. Ces choses-, dans l'ordre : mon amour, mes crises de désespoir, ma famille, mes valeurs. Mes valeurs??? Oui, mes valeurs : si je juge que mes valeurs les plus profondes sont heurtées par un ami, je me garde la liberté de prendre une saine distance avec cette personne. Désolé, mais c'est comme ça.

Quatre éléments qui dans ma vie viennent AVANT l'amitié. Un. L'Amour : quand je suis en amour, en train de baiser pendant une semaine sans arrêt, en train de m'imaginer avoir rencontré le prince charmant (et y croire dur comme fer), en train de faire des promesses d'amour éternel et de mariage à Las Vegas et de voyage de noce à Ibiza et de nouvelle vie à deux loin de tout à Katmandou, sorry, but the friend you have reached is unavailable, please leave a message after the tone. Je vais redescendre sur terre un moment donné. Je vais vous rappeler. Laissez-moi capoter un peu...

Quatre éléments qui dans ma vie viennent AVANT l'amitié. Deux. Mes crises de désespoir : quand je ne vais pas bien, j'ai pas toujours envie de téléphoner à tout le monde et son cousin pour leur dire. Si vous ne comprenez pas le besoin de rester couché en petite boule dans le noir à pleurer comme une madeleine trempée dans le tilleul, alors je vous plains. - Encore là, laissez-moi capoter, mais pas trop longtemps. Anyway, mes amis les plus intimes le savent et savent comment réagir et le font très bien. Mes vrais amis sont un peu comme moi...

Quatre éléments qui dans ma vie viennent AVANT l'amitié. Trois. Ma famille : étrange pour un gars comme moi qui a tout fait pour donner des cheveux blancs d'inquiétude intense à ses parents, mais avec le temps (et un soupçon de sagesse), je me suis rendu compte à quel point la famiglia, c'est essentiel à ma vie. J'adore mes parents. J'adore mon frère. J'adore ma grand-maman. Et certains cousins et certaines cousines, et deux ou trois tantes, et autant d'oncles. Ça fait très ringard et anti-conformiste (surtout pour un homosexuel, surtout pour un Québécois) de dire ça, mais ma famille (l'opinion de ma mère, de mon père, etc.) passe avant le reste. Ce qui est étrange, c'est que ça m'a pris autant de temps pour m'en apercevoir. Comme quoi il y a un discours farouchement anti-familles qui court-circuite parfois nos sentiments les plus profonds.

Quatre éléments qui dans ma vie viennent AVANT l'amitié. Quatre. Mes valeurs : si mes amis veulent avoir des conversations sur des sujets chauds et potentiellement explosifs (politique, religion, etc.), je suis partant. Je suis parfois de mauvaise foi, cassant, arrogant et over-cultivé. C'est chiant, je sais. Mais j'ai été formé à la philosophie, qui porte aussi le nom de dialectique : la résolution des contraires, le respect de l'échange entre humains rationnels, le Dialogue avec un d majuscule. Or, ce n'est pas parce que j'ai lu deux ou trois livres dans ma vie que je suis plus intelligent (c'est parce que je suis gay ahahahahah!). Non. Mais ce n'est pas parce que quelqu'un quelque part croit telle ou telle niaiserie que je suis obligé de le respecter. Je ne respecte pas le racisme. Je ne respecte pas la misogynie. Je ne respecte pas un tas de positions politiques et d'erreurs de l'esprit, de croyances criminelles et de discours haineux. Désolé, mais mes valeurs passent avant l'amitié. Il y a des limites à la liberté d'expression : ce sont celles que dessine ma propre liberté. Prière de ne pas les dépasser en ma présence, parce que vous allez voir comment l'amitié peut rapidement perdre son intérêt à mes yeux.


Mis à part ces quatre éléments, l'amitié c'est vraiment important pour moi. J'aime mes amis. Je ne suis pas parfait, mais je fais mon possible pour limiter mes fautes à leur endroit. Je ne suis pas blanc comme neige. Au contraire. J'ai eu des "peines d'amitié" plus intenses que n'importe laquelle des peines d'amour. Des ruptures amicales plus difficiles, plus cruelles. J'ai mal agi avec des amis que j'admire et vénère. J'ai été con. Je suis con. Il y a certaines choses pour lesquelles je m'en veux encore...

J'ai besoin d'être connecté, de sentir que j'ai des "alliés", des confidents, des chums de brosse, des connaissances potentiellement amicales, des anciens amis disparus, des amis "belles-mères" (les amis qui chiâlent contre ma nouvelle coupe de cheveux ou contre mes mauvaises habitudes!), des amis facebook et des collègues de travail devenus des amis à l'extérieur. Je sais faire la différence entre un ami et un conseiller spirituel (à savoir : tout ce que mes amis disent à mon égard n'est pas nécessairement vrai ou intéressant ou rationnel ou de bon conseil). Je sais apprécier les défauts de mes amis et ne pas leur reprocher. Ravaler mon sentiment d'injustice quand un ami est visiblement de mauvaise foi. Oublier les vacheries. Renouer le contact.


La semaine dernière, quand j'ai été très, très malade, n'empêche que c'est mon amoureux qui a pris soin de moi. Et ma famille. Pas mes amis. Pas cette fois, en tout cas. - Et je ne leur en fais pas reproche! Je constate seulement que dans l'adversité, l'amitié peut ne pas fonctionner normalement. Peut nous trahir. Peut nous abandonner. Comme n'importe quoi en ce bas monde où nous sommes nés nus, fragiles et vulnérables. Ce monde que nous quitterons nus et seuls - irréversiblement.


En conclusion (si une conclusion peut être tirée de tout ça), je suis bien prêt à reconnaître qu'il y a une éthique de l'amitié : des règles plus ou moins tacites qui font que certaines choses ne se font pas entre amis. - J'ai des amies qui ont accepté d'une tierce amie qu'elle leur vole leur amoureux. D'autres qui n'acceptent même pas de parler de sexualité ensemble. J'ai des amis avec qui je peux me chicaner sans arrêt sans que ça ne change rien au respect que l'on se porte. D'autres qui sont tellement susceptibles que si jamais ils lisent ce billet qui ne vise personne en particulier, ils vont se sentir visés quand même (et m'en vouloir à mort). J'ai des amis qui peuvent se sentir assez à l'aise avec moi pour m'embrasser sur la bouche. D'autres qui, malgré leur amitié sincère, seraient incommodés que je les touche sur l'épaule. J'ai des amis qui sont complètement fous, hystériques, névrosés, drogués jusqu'au trognon, alcooliques, voleurs, menteurs et fauteurs de troubles (et je les aime quand même). D'autres qui sont tellement équilibrés qu'ils me redressent sans cesse en souriant, sans jamais se fatiguer. Tous mes amis ont leur échelle de valeur, leurs croyances, leurs désirs et leurs faiblesses, toutes choses qui leur sont propre, qui les constituent et les rendent uniques.


Mais je suis un éthicien japonais : mon éthique est aussi étrange et irrationnelle que n'importe laquelle, aussi exotique et subjective et incompréhensible que la vôtre. Je suis votre ami, même si vous ne le comprenez pas toujours. Je suis votre ami, même si vous avez l'impression que je parle japonais, tellement ça ne veut rien dire pour vous parfois ce que je dis, ce que je choisis, ce que je fais... Je suis votre ami. Mais seulement un ami.



18.4.09

Pour vous désennuyer...

... pendant que j'agonise en râlant de douleur dans l'humidité et le froid mou, voici une courte liste de choses à faire en mon honneur :


- Relire mon blogue au complet depuis le début, afin de tout connaître sur moi (avec un peu de chance, l'émission Tous pour un va ENFIN me consacrer un quizz, et vous allez pouvoir rencontrer en personne mon ex-oncle-par-alliance-très-courte-avec-une-fille-au-secondaire ; soit dit en passant, une connaissance de longue date à moi y a littéralement triomphé sur Ferland, elle est extraordirairement talentueuse, et son blogue, Les marées lumières, est là.)

- Vous connaissez mon intérêt philosophico-mystique pour Simone Weil : un des blogueurs les plus irrévérencieux et drôles que je connaisse, et auquel j'ai déjà humblement (et malhabilement) rendu hommage ici, la fait figurer dans son billet intitulé Célébrons le printemps... Même les commentaires sont pissants! :)

- Si vous n'avez pas eu le temps (pour cause de mi-session) ou si vous désirez réfléchir à tout ça avec le recul philosophique qui convient, je vous invite à relire les différents billets écrits en mars dernier pour la Journée de la Femme, cybermanifestation initiée par Alex.

- Par contre, si vous feelez pas mal plus horny qu'intello, je vous conseille de retourner lire les petits bijoux d'érotisme qu'une simple tague (encore une fois lancée à l'initiative d'Alex) a engendrés. Josianne Massé, sur le site Branchez-vous!, me fait l'honneur de figurer dans son "top 3" des meilleurs textes écrits dans le cadre de cette activité, avec mon ami l'Achigan et le délicieux Pierre-Yves. J'ai rougi...

- Parlez-moi de vous! Écrivez-moi, ajoutez-moi sur facebook, que sais-je, mais faites-moi découvrir votre monde : musique, livres, gugusses inutiles, sexualités pataphysiques, théâtre, arts visuels, blogues chouettes, etc. Alimentez-moi à la petite cuiller comme le faisait ma maman avec de la soupe au poulet quand j'étais trop malade pour aller à l'école...

- Me dédier votre prochain orgasme (avec la précieuse collaboration de votre ou de vos partenaires, ceci afin qu'ils ne pètent pas une coche inutilement contre vous lorsque mon doux pseudo sortira de vos lèvres tremblantes d'excitation).



Je retourne souffrir atrocement... collé sur mon amoureux...

Malade, encore!

Je suis encore malade. C'est la seconde fois que je succombe à quelque chose de virulent, mais je ne sais pas encore ce que c'est, je ne me comprends plus, j'ai de la difficulté à penser, à écrire, à me motiver à sortir de mon lit. Mine de rien, c'est moche de se sentir aussi mal en point quand on débute une relation amoureuse.

Je n'arrive pas à écrire davantage. Fièvre, ganglions enflés, douleurs multiples, hypersensibilité, idées noires, et presque rien à dire de plus que : je suis effondré, mentalement et physiquement.

16.4.09

( )

Devant toute grande oeuvre d'art plastique, l'évidence d'un silence particulier nous atteint comme une surprise qui n'est pas toujours un repos : un silence sensible, parfois autoritaire, parfois souverainement indifférent, parfois agité, animé et joyeux. Et le livre véritable est toujours un peu statue. Il s'élève et s'organise comme une puissance silencieuse qui donne forme et fermeté au silence et par le silence.
- Maurice Blanchot (Le livre à venir)



Füssli - Silence



Wovon man nicht sprechen kann, darüber muß man schweigen. (Sur ce dont on ne peut rien dire, il faut garder le silence)
- Wittgenstein (Tractatus Logico-Philosophicus)




Dührer, Melencholia


Ah! César avait raison, quel sens avait tout cela? En quoi cela regardait-il César? L'explication était pénible, et pourtant il semblait qu'elle lui fût imposée, comme si elle devait décider du sort de L'Énéide.
"La philosophie est une science, est une vérité de l'entendement, il faut qu'elle puisse prouver, elle a besoin d'une base de la connaissance et la base de la connais..." Quelque part, il y eut un rire, muet et supérieur.
Était-ce l'esclave? Ou les démons annonçaient-ils leur retour par ce rire?
"Pourquoi t'arrêtes-tu de parler, Virgile?"
De nouveau, Athènes se montra; de nouveau, l'étrange désillusion qu'avait été Athènes. Où riait-on? Était-ce à Athènes?
"La base de la connaissance précède tout entendement, précède toute philosophie... c'est l'hypothèse première et elle régit à la fois l'intérieur et l'extérieur de nous-mêmes... tu m'as bien ramené d'Athènes, Octave? n'est-ce pas?"
La conque nacrée du ciel s'ouvrait au-dessus de l'Adriatique, le navire se balançait, les chevaux blancs de Poséidon montraient leur tête; dans le salon il y avait du rire et du bruit; à la poupe, dans la lumière blêmissante, un esclave-musicien commençait à chanter, solitaire; c'était une voix d'enfant.
"Il était salutaire et utile de te ramener d'Athènes, mon Virgile... ou voulais-tu dire que maintenant la philosophie est affranchie de ses devoirs, puisqu'on ne t'a pas laissé, misérablement soigné, dans la ville des philosophes?"
César devrait légitimement se trouver sur l'autre navire, et non ici.
"La philosophie a perdu le fondement de sa connaissance, sa base est enfoncée très loin au-dessous d'elle, très profondément dans la mer... et lorsqu'il lui faut se développer en hauteur, grandissant pour toucher l'infini, ses racines ne descendent pas assez bas, même si elles aussi grandissaient à l'infini... autrement, je ne serais pas rentré avec toi, Octave... Lorsque les racines ne touchent plus rien, il n'y a que du vide sans ombre... le fondement de la connaissance s'est perdu, il y a beaucoup de vains bavardages sur le navire; tu ne le remarques peut-être pas aussi précisément que moi, parce que le mal de mer ne t'a pas rendu lucide... Autrefois, la philosophie possédait encore le fondement de sa connaissance, sur lequel elle pouvait s'édifier... Comme toi, je ne voulais pas voir qu'elle l'avait perdue... j'ai fait le voyage à Athènes, j'ai fait le voyage... mais aujourd'hui le terrain de procréation féconde, dans lequel elle était enracinée, elle l'a définitivement perdu... la pensée est devenue impuissante."
Oui, c'était bien cela, et il n'y en avait pas lieu d'en rire. Même le Dieu qui possède la connaissance du néant, et qui veut le néant n'avait pas le droit d'en rire. Et effectivement, le rire s'éteignit. La voix de Plotia lui succéda, disant: "Silencieuse est l'entente, elle n'a besoin d'aucune preuve. Retourne dans la conque ouverte du silence."
- Hermann Broch (La Mort de Virgile)



Hermann Broch




Nous n'appartenons à personne sinon au point d'or de cette lampe inconnue de nous, inaccessible à nous qui tient éveillés le courage et le silence.
- René Char (Feuillets d'Hypnos)

14.4.09

Y'a pas de fumée sans acide cyanhydrique moi je dis



dans un mauvais recueil de claude péloquin comme un tatou sauvé des os une étampe japonaise à moi tiers effacée et en travers comme la rêvélation d'un plus-beau poème que le poème n'importe-coi : CE LIVRE EST LA PROPRIÉTÉ
DU CENTRE DE DÉTENTION DE MONTRÉAL c'est-ti assez compliqué d'écrire sans faire de palissades et des lapalissades je suis aux mots / sexy ailes / c'est salissant écrire il finit souventes fois par y avoir des étampes viscères qui viennent nous barrer moult de travers comme si c'était pas assez! je me de-mande si elle est encore envie je crois que depuis nonante ans je marche-temps et marchande de travers sur les pages pâlissantes poli pour ne pas faire DE BRUIT c'est-y assez mauve en esti la litière à ture elle m'avait dit des choses qui rampent dans ma tête parfois et aussi des choses que j'ai oub-liées cordées charlotte pour finir assassiné par pâtir il faut partir elle doit être morte je crois bien mais qui donc m'eut averti il n'y avait plus rien que je pouvais faire pour ralentir/arrêter le temps ne pas vieillir ne pas vomir en embrassant un vieil homme qui ressemble à whitman grosse barbe blanche ma langue dans le blanc qui pique et son doigt dans mon cul il faut partir il faut hélas héler l'hallali on doit mourir dans le cul et ma langue sur la peau qui crisse et qui grince et qui pue c'est la mort mais c'est surtout l'idée donc rien

j'aime


!

carapaté sur les silos noirs comme jais (do) ré mie ce n'était qu'un rêve quand j'ai tué le vieillard n'est-ce pas mais je me demande si elle est encore en vie et je m'étale / létal / sur les supplices complices qui me dévissent le crâne en fouillant les les les les oh jeez ça fait bizarre d'être assis là-bas à me regarder vomirador sus aux cons jeu les frappatoires estafilades des pisse-tilences grangraines ô ma ragamuche monde olivine trafiquée d'en t



il me regarde le regarder je sais qui il est il est

oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui oui



une coudée j'aimais nabot lira le hasard (genre) oui je sais c'est hasardeux c'est-ti assez compliqué d'écrire sans pontifier je m'allarmai trop tard ciao ciao ti-cul à ce soir à sursoir bastaquouère bastabarnac bastarté bastonnade béat b-à stabiliser l'homorragie spéculaire tordue sur le banc le vieillard s'arrache les dents en faisant gicler le sang sur sa barbe whitmannienne ses yeux sont doux mais son sexe en vis les bastingages astringents soulèvent souvent des doutes à bout de carcasse en râpant les souvenirs-écrans c'est sûr c'est moi c'est gênant une érection jacassante dans le cul du monde pour oublier les livres en trop cheese je lui ai tiré le portrait c'est ça à coup de douze dans les dents comme éric il était psychotique éric et j'érigeai jacassant des phallus feuillus pour enculbuter le monde en riant foooooooooooooooooooooooort.



Tout ça pour dire que j'ai ri merveilleusement avec toi (c'est là la chance unique).



(Merci à Jay pour l'inspiration lynchienne et surtout, surtout à The Magic Pomme pour la vidéo de Herzog que je passe sans cesse dans ma tête ça me fait bien rigoler!)

12.4.09

Dr Bast répond à vos questions

Docteur Bast est là pour toi!

Suite à mon dernier billet, Maphto m'a par trois fois questionné sur l'amour:

- Ça existe l'amour gai ?

- Ça existe l'amour fou, aveugle et océanique ?

- Au fait, Bast, qu'est-ce qui te plaît chez ce gars ? Et, peut-être la question la plus importante, qu'est-ce que tu penses qui lui plaît chez toi ?

À la troisième question, Maphto, je réponds comme Montaigne lorsqu'il s'interrogea sur son amour pour Étienne de La Boétie : "Parce que c'estoit luy, parce que c'estoit moy." Il semblerait qu'il n'y ait rien d'autre à dire. Ça ne s'explique pas. - J'aime les défauts de l'autre, j'aime sa voix, j'aime nos échanges, j'aime sa présence, j'aime sentir que nous sommes faits l'un pour l'autre : et pourtant, l'amour excède l'énumération de ces quelques éléments. L'amour est méréologiquement fou : les parties et le tout ne coïcindent jamais totalement. L'amour est niais. L'amour nait d'une métaphore (cf. Kundera). L'amour est un changement qualitatif dans la structure moléculaire de l'Univers. Des forces sont en jeu que les instruments les plus précis ne peuvent étudier. Ça t'envahit comme une marée qui monte inéluctablement.

Qu'est-ce qui me plaît chez lui? Qu'est-ce qui lui plaît chez moi? Tout, ou seulement un éclat dans l'iris, une posture du corps, une parole qui nous hante, une vision de l'autre dans vingt ans, un certain râle lors du coït. Je ne sais pas. Pourquoi lui? Pourquoi moi? Pourquoi l'amour et pas seulement l'amitié ou les corps qui exultent? C'est un sentiment qui rend complètement ahuri et qui ne se décrit que comme le Temps (citation de saint Augustin) : "Si personne ne me pose la question, je le sais ; si quelqu'un pose la question et que je veuille expliquer, je ne sais plus."

On peut vivre sans jamais rencontrer l'amour. On peut vivre en amoureux perpétuel. À chaque torchon, sa guenille (sagesse populaire). On peut tenter de vivre son amour selon l'idéal grec (échelle de l'amour du Banquet de Platon), selon l'idéal chrétien - i.e. en toute chasteté (Jacques Maritain et sa femme Raïssa) , selon l'idéal existentialiste (Sartre et Beauvoir), selon l'idéal désacralisé et pervers du Nouveau Roman (Alain Robbe-Grillet et sa femme Catherine - dont le nom de plume est Jeanne de Berg), selon l'idéal patriarcal (un mâle dominant, un mâle ou une femelle dominé(e), qui reste à la maison et qui vit aux crochets du mâle dominant), selon l'idéal communiste (Laura Marx, la fille de Karl, et son mari Paul Lafargue), ou encore selon sa propre et courageuse inventivité éthique.

L'échelle de l'amour : à l'amour des corps succède l'amour d'un seul corps. C'est déjà mieux, c'est déjà l'amour d'une Forme, d'une Idée. Les préjugés grecs anciens en faisaient la conditio sine qua non de l'amour du Souverain Bien. Une éthique de l'amour grec : j'aime Socrate parce que son âme immortelle me donne accès au monde des Idées, mais Socrate n'aimera pas Alcibiade pour son corps parfait, mais seulement si Alcibiade désire la sagesse (philo-sophia : l'amour de la sagesse, ou plus précisément : tendre vers l'idéal du sage).

L'amour chrétien : le philosophe Jacques Maritain et sa femme tentèrent d'appliquer le message de Jésus dans leur existence, en étant fidèles et chastes... Il va sans dire que je préfère la folie amoureuse médiévale de Pierre Abélard et d'Héloïse! Dussé-je me faire châtrer et puis moine, je t'aime malgré les institutions humaines, trop humaines.

L'amour existentialiste : Beauvoir fut peut-être la première à souffrir de cet idéal, mais leur amour devint un modèle de liberté et d'engagement. Sartre et elle firent jaser, firent scandale, firent des folies, et se firent mal. Pourtant, leurs incartades, leurs hésitations, leurs infidélités et leurs déviances favorisa l'émergence d'un discours contestataire sur le système patriarcal : féminisme de l'une, défense du droit des homosexuels de l'autre, et communisme des deux...

L'amour Nouveau Roman : de Robbe-Grillet, le vieux satyre mort l'an passé, et de sa femme maîtresse sado-maso, ils en parlent mieux là : http://www.france-mail-forum.de/fmf27/lit/27perrig.htm

L'amour au temps du patriarcat : je préfère le choléra.

L'amour communiste : quand le jeune socialiste français Paul Lafargue (auteur du Droit à la paresse) rencontre la seconde fille de Karl Marx, Laura, lors de la 1ère Internationale, c'est le coup de foudre réciproque. Toute une vie de militantisme, de séjours en prison, de lutte pour le Grand Soir, et de traduction des écrits de papa Marx. Ils se suicidèrent ensemble en 1911, à un âge avancé.

L'amour selon Maphto : il te faudra bien du talent, du courage et de la folie pour inventer ton propre discours amoureux. Il te faudra te planter souvent. Il te faudra aussi oublier ce que tu sais, renier ce que tu es, bafouer tes convictions, trahir tes amis et perdre souvent le sens de l'orientation. Tu seras déçu, tu seras trompé, tu te mentiras à toi-même, tu croiras de bonne grâce aux mensonges de l'être aimé, tu seras parfois amer, et quelques fois cynique, mais toujours tu oseras espérer. C'est comme ça. C'est malheureusement une condition métaphysique, théo-onto-logique, de l'Homo sapiens.

Tâche surtout de ne jamais écouter les cons qui comme moi te font la leçon.

Maphto, Dr Bast te prescrit les lectures suivantes comme introduction à l'amour. Je te souhaite d'être amoureux. Non seulement c'est extraordinairement bon, mais en plus ça peut être anthropologiquement passionnant à étudier.

- Les Souffrances du jeune Werther, de Goethe. Ce livre a inauguré la mode romantique en Europe, et a eu un impact extraordinaire sur notre civilisation. A fait dramatiquement grimpé les statistiques du suicide au tournant du 19e.

- Les Feluettes, de Michel Marc Bouchard. Pièce de théâtre québécoise qui me hante depuis mes quatorze ans, et qui met en scène une vengeance amoureuse implacable.

- Fragments d'un discours amoureux, de Roland Barthes. Du grand Barthes.

- Tout Yourcenar (pour ses personnages qui aiment par-delà les conventions et les époques, et pour elle, surtout, cette grande dame qui vécut toute sa vie avec sa compagne Grace).

- Tout Michel Foucault (parce qu'il fallait bien que je le plogue quelque part...).

- La biographie de Foucault écrite par le père des Gay studies français, Didier Éribon. Passionnant.

- La Marche à l'amour, de Gaston Miron.


Des suggestions de lecture? Quels sont vos propres modèles amoureux? Y croyez-vous encore?

11.4.09

Miscellaneous 9 (tout en douceur)

Douce heure où j'attends mon amour. Douce heure qui vaut la peine. Douce heure qui ne dure pas. Douce heure des amants quand ils ne sont pas ensemble et le sont pourtant.




Le dernier film de Soderbergh sur le Che (en deux parties, présentées l'une après l'autre, au total 4h30 de pellicule) est non seulement interminable, mais étrangement plat. Seule la première partie du diptyque est intéressante, filmée avec une grande maîtrise, et l'interprétation de Benicio del Toro y est grandiose. Mais les longueurs ont fini par me tuer...

Est-ce que Soderbergh a réussi à éviter de montrer Che Guevara tel que la propagande communiste l'a magnifié et tel que la récupération iconique par le capitalisme l'a réduit? Je ne saurais dire. Je crois plutôt que le réalisateur a tenté de présenter son héros selon l'axe de l'apprentissage à Cuba, puis de la mise en application ratée en Bolivie, en insistant sur la réalité du terrain, les difficultés concrètes, les douleurs et les erreurs, plutôt que sur l'unicité d'une existence météorite, plutôt que sur les symboles. On aime la narration télescopée dans les deux premières heures, l'arrivée du Che à New-York et son discours à l'ONU, présentés en noir et blanc, par rapport aux combats très colorés à Cuba. Des cartes dynamiques, d'ailleurs, viennent avec pertinence soutenir la compréhension de la progression des guérilléros.

En somme, c'est un film où brille le talent d'acteurs chevronnés, mais qui s'exaspère dans la lourdeur et la longueur. Le véritable intérêt du film résidait dans la douceur du corps de mon chum, tendrement lové contre le mien.



Je suis amoureux (encore). Je suis en train de plonger dans ce que je redoutais (encore). Je suis touché jusqu'au fond de l'âme par son charme, ses yeux de biche pétillants d'intelligence et de jouvence, par sa mince et délicate blancheur, par ses fesses légères et délicieuses comme des charlottes aux framboises, par ses lèvres fines que les miennes écrasent et éraflent de ma barbe.




Prière à thé (pardon : athée) :

Que ma vie soit de pashmînâ! Qu'elle soit douce et légère, chaude et belle, d'un drapé parfait, d'une couleur inimitable, d'un (ré-) confort absolu pour les autres autant que pour moi-même, et qu'elle soit aussi exotique, que sa valeur soit aussi grande que possible. Parce que je suis d'accord sur toute la ligne avec Montaigne : "C'est un sujet merveilleusement vain, divers, et ondoyant que l'homme." Que ma vie soit de pashmînâ! Qu'elle soit tissée avec art, avec savoir, avec science, avec maîtrise et avec ce qu'il y a de meilleur. Je veux qu'en la palpant, on ne sente pas le nombre d'erreur, de rapiéçage, de déchirement, de salissure par lequel elle est passée. Je désire qu'on puisse la regarder avec envie et que quiconque puisse se la permettre pourtant. J'exige qu'elle fasse honneur au passé, à mon entourage, à moi-même, à l'humanité. Qu'on puisse dire d'elle : c'est un bonheur de châle. C'est un magnifique châle et il ne s'en fera plus jamais d'identique. Que ma vie soit de pashmînâ!






Mylene Farmer - Pourvu Qu'Elles Soient Douces(1988)




Je cherche le sens de ma vie dans chaque recoin de parfum qui reste aux choses profanées par le destin. Je cherche ton regard, je cherche ton pouls, je cherche nos bonheurs éphémères comme une chanson triste. Et dans le miracle de deux corps qui se perdent l'un en l'autre, je cherche encore, mais sans désirer quoi que ce soit d'autre que ma recherche elle-même. (Il n'y a pas de sens à donner à l'amour, à la souffrance, à la misère : c'est aux autres qu'il faut penser, et tenter de transformer la société à défaut de transformer les coeurs, ces forêts périlleuses où se perdent nos ans à rechercher la quête, à désirer l'aventure inachevée, à jamais inachevée.)





Le climat s'adoucit. L'été s'annonce chaud. Et Montréal sera le terrain de nos jeux, de nos folies, de nos embrasements... Montréal ruissèlera littéralement (littérairement) de sperme.




À LA DÉSESPÉRADE

Ce puits d'eau douce au goût sauvagin qui est mer ou rien.

- Je ne désire plus que tu me sois ouvert,
Et que l'eau grelottant sous ta face profonde,
Me parvienne joyeuse et douce, touffue et sombre,
(Passagères serrées accourues sur mes lèvres
Où réussissent si complètement les larmes),
Puits de mémoire, ô coeur, en repli et luttant.

- Laisse dormir ton ancre tout au fond de mon sable.
Sous l'ouragan de sel où ta tête domine,
Poète confondant [de naïveté], et sois heureux.
Car je m'attache encore à tes préparatifs de traversée!


René Char (Poèmes en archipel)




Visages aux regards doux que je croise en marchant sur ces sentes de la vie douce-amère, je vous regarde et vous pardonne tout, parce que dans le pardon que j'établis sur mon horizon tremblant aux orangés grandioses, le rosé des termes répondant à l'avance aux avances de la rosée du matin sur les fronts bombés des fleurs, des feuillages et des ouvrages aussi éphémères que les empires au couchant quand les saisons babillent nos émois éternels, c'est mon propre pardon que je sème, et dont la moisson sera complétée comme une promesse joyeuse après que mes yeux se soient fermés, pour une dernière fois, dans un sourire de fin d'été. Visages aux regards fous, ne laissez pas s'éteindre le feu sacré des souvenirs.




Mes amis, vous faites les frais de mon indisponibilité amoureuse. Je suis à la fois si désolé et tellement heureux que je ne vous demande pas pardon. Soyez prêts aux retrouvailles, soyez doucement nostalgiques de ma présence, et soyez toujours assurés de mon affection la plus vive.

Basta! On n'a qu'une vie à lire.





8.4.09

Fw : Tague érotique

Tagué par Alex, je vous fais donc pénétrer mon esprit malade par les orifices les plus horrifiques. Tenez-vous-le pour dit, tenez-vous pour prévenus, tenez-vous les fesses serrés, et basta! Cela va comme suit :


J'avais 18 ou 19 ans. J'étais mince et niais comme une chanson de Caroline Néron. Tout a commencé par un flirt avec mon prof de philo (coké jusqu'aux yeux, look vaguement Brel mâtiné de Yves Montand, du genre à taper très fort pour laisser des traces) et ça s'est terminé dans la cave aux allures de donjon cheap, le sol couvert de boîtes de carton découpées, les murs de pierre de taille ornés d'anneaux et de mon corps nu accroché comme un trophée de chasse (Hoc est enim corpus meum - prenez-moi, mangez-moi tous pour me transsubstantier), mon sang impur souillé de drogues, d'alcool, de perversions sexuelle, de littérature et de vie. L'autre fois c'était pis, si possible, dégueulant sur le sol pendant que je me faisais enculer, or c'était le printemps et je sentais mon esprit malsain rejoindre les hautes sphères de la plus pure déjection cosmique. Entre Sartre et saint Anselme, preuve ontologique à l'appui, les engueulades, les prises de bec, les prises tout court et les crises de larmes noyées de mauvais vin, dans les volutes mauves d'un sadisme scandaleusement scandé de par tout le cégep ébaubi, je sentais sa langue fouiller ma bouche et sa salive couler sur mon menton, son haleine s'enlacer à la mienne, nos torses et nos bassins se connaître au sens biblique du terme. On remet ça mais à quatre, j'ai jamais autant aimé les tatous que ceux que je léchai comme une chienne, les bites brandies comme des arguments élégamment réduits à des modus tollendo ponens, la musique de Jay-Jay Johanson ou de Portishead, de Tori Amos ou de Daniel Bélanger nous enveloppant, nous fouettant, nous caressant, nous masturbant, nous donnant le change et je perdis pied un matin quand je vis tous les ecchymoses sur mon corps. Les mamelons pincés jusqu'au sang, Paul Valéry et Kant fourbus après une conversation délirante en forme de tempête, on s'endort comme des loirs, moi sur le divan et lui avec son conjoint, je sens le foutre et la choucroute, basta, c'est trop bon, je pleure comme une fillette dans ses bras, qui suis-je, qui suis-je, que vais-je devenir? Je comprends que dalle, je crois que je suis fou. On me bastonne de citations, on m'enfile des godes dans le cul, de jour comme de nuit, les autres je m'en fous mais ça jase, ça jase.

- Va chier, t'es un esti de con! - Tu peux tellement être intelligent pis deux secondes après être tellement immature... - Tu me fais mal! - Arrête de chiâler pis décrisse. - Je ne suis pas amoureux de toi. - Va don' chier! - Baise-moi encore. - Un jour j'étais dans un parc, j'ai vu un mec en train de se pendre à un arbre, j'ai couru, j'ai soulevé son corps, j'ai senti la mort l'envahir pendant que je le tenais dans les airs...- Je suis en train de lire Barthes et... - Arrête de pleurer, t'es pathétique. - J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL J'AI MAL. - Suce-moi. - Je ne suis pas ton esclave! - Tu es tellement mature pour ton âge... parfois j'en oublie nos différences quand on baise. - Encore, encore, encore, encore...

Les sévices n'étaient rien. J'en retirais de la fierté, de la valeur, de la culture et des blessures. En échange de mon corps, il me prêtait des livres, il m'encourageait, et je lui faisais des pipes dans la voiture pendant qu'il conduisait. Il m'habillait de cuir pour sortir, et nous finissions roulés comme des crêpes sur le gazon, sur un terrain privé, n'importe où, dans une ruelle sale, mon t-shirt déchiré, les lèvres déchiquetées, la queue souillée. Dans de rares mais puissants moments de tendresse, je lui faisais part de mes rêves, de mes projets littéraires, de mes peurs, de mes échecs. J'étais Werther et j'étais René (de Chateaubriand), il était Rousseau ou Gide, il mimait parfaitement Raymond Aron en train de contredire un communiste (Aron était imbattable, il connaissait Le Capital sur le bout de ses doigts), je lui parlais de mon dégoût pour Deleuze, il me chuchotait des obscénités, nous trinquions sur son balcon, lui, son chum, son ex, son ex-femme poétesse, l'ami de son chum et moi, santé, santé, vie et sexe, ivresse de tous les sens, dans tous les sens, Sinn et Bedeutung, la musique de Bach déconstruisant le blanc des murs et les visages comme des cubes lego. Je me suis humilié, je me suis fait fourrer comme une pute, j'étais le clou de la soirée et le plus brillant convive, épatant le vieil ami qui avait jadis connu Aragon, éblouissant les mandarins et les pique-assiettes, les pisse-lyres et les agités du bocal, irritant tout le monde par mon arrogance. J'avais 18 ou 19 ans. J'étais mince et niais comme une chanson d'amour des années quarante. Tout a commencé par un flirt avec mon prof de philo et ça s'est terminé dans la cave aux allures de donjon cheap, le sol couvert de boîtes de carton découpées, les murs de pierre de taille ornés d'anneaux et de mon corps accroché comme un trophée de chasse (Hoc est enim corpus meum - prenez-moi, mangez-moi tous pour me transsubstantier), le sang impur souillé de drogues, d'alcool, de perversions sexuelle, de littérature et de vie. Après une année ou deux de fornication, de conscience altérée, de délire et de sperme sur mon visage glabre, j'ai rencontré quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux, et nous nous sommes graduellement perdus de vue, aujourd'hui je ne regrette rien mais j'ai encore les violentes traces (invisibles à l'oeil nu) de ses genoux grêles sur mes épaules, de son mépris sur ma peau, de ses mots claquant des ordres dans mon esprit. Ce fut le début de la fin de quelque chose.




Je tague tout le monde qui me lit! Il vous faut composer un récit érotique (pas aussi personnel et aussi mauvais que le mien, s'entend).

7.4.09

Ménage du printemps






Aphorisme de la semaine : Faire son ménage intérieur, c'est comme épousseter son enfant intérieur : ça nous recentre sur l'essentiel, et l'essentiel, c'est essentiel.



Une journée productive, ça fait du bien au moral!

Les événements se produisent, et produisent des impondérables ou des réseaux de causalité qu'il est parfois difficile de suivre jusqu'au bout, mais, nonobstant ma propension naturelle à la procrastination, j'ai fait le ménage dans mon appartement, dans mes papiers, dans ma tête.

Mes synapses reluisent, chromées et shinées, et mes nerfs bien graissés ont retrouvé leur élasticité. Ça sent le citron dans ma tête!

Ça brille comme dans une fuckin pub de produit nettoyant ménager où les femmes sont encore les bonniches soumises qui décrassent, frottent et torchent leur beau bungalow en carton décoré par la nunuche chez heaumedépôtoire ou chez Linda Décoration.

Comme c'est propre quand j'ai astiqué mes perversions, mes souillures, mes contrefaçons, mes vices dégoûtants! Comme une pluie d'eau de javel dans ma vie! Mes infections et mes bactéries (les plus intimes, les plus visibles) sont toutes propres!!!



Parlant de Linda Décoration, cette fée du logis, elle a quelque chose à vous dire :

"Bonjour. Aviez-vous imaginé? Donc, il est venu le temps de donner à l'image la parole." (Linda)


L'image :


J'adore cette image. Elle est très parlante. Répondons aux questions qu'elle nous pose :

- QUAND ET COMMENT LUI APPRENDRE LE POT?
Il n'est jamais trop tôt pour initier notre enfant à l'usage récréatif des drogues douces. Le plus compliqué, c'est de lui apprendre à rouler convenablement. On ne commence pas à lui enseigner l'art de la tulipe nucléaire! La méthode marocaine a le mérite de sa forme conique et d'être fortement coupée de tabac, mais elle nécessite encore trop de manipulation. Le mieux est de lui acheter une petite pipe aux couleurs de son superhéros favori.

- GROS MOTS, MAINS SALES... POURQUOI IL ADORE ÇA?
Facile : phase anale. J'y suis, j'y reste!

- LUI APPRENDRE LE RESPECT DE SON CORPS.
Hum... Est-ce une question? En tout cas, il faut apprendre à respecter certaines parties de son corps. Pour se faire respecter, il faut commencer par se respecter soi-même. C'est la raison pour laquelle je respecte mon pinisse. Parce qu'il se respecte lui-même.



Sur ce, je vous souhaite un excellent ménage du printemps! Y'a juste ça à faire, anyway, il pleut. Considérez-vous comme gracieusement invités à répondre vous-mêmes aux trois questions, ainsi qu'à me raconter vos propres ménages printaniers!

6.4.09

Sexe, musique et cinéma



De vendredi soir à ce matin; il est midi; j'ai encore la saveur de sa peau sur mes lèvres, l'odeur de son corps dans mes draps, je suis claqué, vidé, heureux, deux jours et trois nuits de pur bonheur, de décadence. Ce fut bon.


Trois heures du matin, nus dans la cuisine à concocter des biscuits aux pépites de chocolat, on parle de Freud et de psychologie cognitiviste, il est jeune et brillant et doux ; je me sens étrangement bien, désiré, vorace, tout à la fois mâle et tendre. Deux heures de l'après-midi, nus dans la chambre après avoir joué à la bête à deux dos, on parle de musique et de philosophie. Minuit. Il fait froid mais nous sommes enlacés sous les draps à regarder des court-métrages de David Lynch. Nous sommes insatiable l'un de l'autre. On ne termine pas le DVD. Neuf heures du matin, sous la douche, on laisse couler l'eau chaude sur nos corps fourbus, très, très longtemps. On se savonne pour se caresser l'un l'autre. On se boit l'un l'autre. On se sèche l'un l'autre.


Hier soir au cinéma, The Curious Case of Benjamin Button, la salle est presque vide, pas plus d'une dizaine de spectateurs, ça fait du bien de sortir et de se retrouver dans la société, pas très bon comme film par contre, nous sommes un peu déçus, ça traîne en longueur, ça rime à rien, Cate Blanchet est grimée tout du long, et peine à maintenir son jeu au niveau habituel. Mais son corps près du mien se love au plus près, se penche, détache mon jeans, et fait jaillir mon sexe. J'entends les cliquetis de la bobine de film dans la salle de projection derrière moi, et je jouis dans sa bouche.


C'est peu dire que ça ne regarde que moi, que c'est exhibitionniste de parler de tout ça sur mon blogue, et de m'emballer autant. Mais je me sens tellement VIVANT.


Deux jours et trois nuits. Peu dormi. Me suis senti fondre. Presque amoureux.


Et je suis libre. Foutrement libre.