30.3.09

Miscellaneous 8

C'est lundi, il fait gris, je suis malade : je frissonne, j'ai mal aux oreilles, aux dents, au ventre, aux intestins, au coeur et à l'âme. J'ai froid, aussi. Et j'ai chaud. Et je tousse, éternue, me mouche, râle, crache et soupire. J'ai juste envie de rester sous ma grosse couette de plumes, comme une hirondelle (je ne fais pas le printemps).




Le carnet Moleskine n'a jamais existé avant... 1998! Coup de pub formidable, cette marque est une pure invention marketing. On est impressionné par le cynisme des créateurs de ce petit carnet (du reste quasiment parfait, j'en ai de tous les formats possibles ou presque) qui n'ont pas craint d'embrigader Hemingway, Picasso, Mallarmé et Céline pour vendre leur produit. Fausse représentation et véritable succès de vente. Trouvé sur Eco89, un site affilié à Rue89 : "Le Moleskine d'Hemingway ou la magie du marketing".





Avant de m'endormir, hier, je me suis installé pour regarder des épisodes de Veronica Mars, mais je suis tombé sur un documentaire à Télé-Québec qui m'a complètement emporté ailleurs, le deuxième d'une série de trois : Bergman, une trilogie. C'était magique de voir mon réalisateur préféré parler du théâtre. Ingmar Bergman est décédé le 30 juillet 2007 (j'ai pleuré). Il avait cessé de faire du cinéma depuis 1982. Mais le théâtre fut sa grande passion. Il aura monté 30 pièces de Strindberg (son compatriote avec lequel il partage une immense notoriété internationale). Bergman, très vieux, très laid, parle avec assurance de ses débuts chaotiques dans les années trente, de ses échecs, de ses colères, de son exil volontaire durant une partie de sa vie, de ses auteurs préférés (Strindberg, mais aussi Shakespeare, Ibsen, Molière, etc.), de ses ennuis divers avec les femmes et avec le fisc suédois. Bergman est si grand qu'il me donne des sueurs froides et des frissons (ma fièvre recommence).

Il y a quelques années, j'avais vainement tenté d'apprécier son film Persona. Puis son opéra filmé La Flûte enchantée. Mais c'est avec Cris et chuchotements que je suis tombé en amour. Depuis, je n'arrête plus de découvrir de nouvelles raisons de m'ébaubir. Il y a quelques années, installé au chalet durant l'été, près du lac et entouré des montagnes qui m'émeuvent tant, j'ai lu Laterna Magica de Bergman, un livre autobiographique construit comme un rêve (ou un cauchemar), pleins de fantômes et de délires, de génie et d'enseignement. J'ai intimement identifié ce livre avec le chalet 17 (il y en a d'autres : Érasme de Zweig, Bakakaï de Gombrowicz, La découverte du ciel de Mulisch, Was ist Metaphysik? de Heidegger, Histoires grecques de Maurice Sartre, etc.), avec sa peinture écaillée, ses chaises en bois, sa véranda fermée par d'antiques moustiquaires, ses meubles et électroménagers des années cinquante, ses arbres et ses framboisiers. Dans ma tête, la maison aux Monts Déserts de Yourcenar, la cabane à Todtnauberg de Heidegger, et la retraite à Fårö de Bergman, ressemblent étrangement au chalet 17. Ils y habitent désormais au même titre que je vais probablement hanter ce lieu quand je serai mort.

(Bergman disait qu'il allait hanter le Théâtre Royal de Stockholm, où il avait jadis vu le fantôme d'une comédienne, épouse de Strindgerg.)


(Cabane de Martin Heidegger à Todtnauberg)





L'immense Victor Sjöström dans Les Fraises sauvages de Bergman :








"Épouse et n'épouse pas ta maison." (René Char)





Dans moins d'un mois je pars pour Paris. C'est devenu une idée fixe, en moi. J'en parle constamment, et j'y pense sans cesse. Besoin viscéral de me ressourcer, de changer d'air, de retrouver une partie de moi que j'y ai laissée.





Pas envie de parler de sexualité. Ça plaît davantage que la poésie, et ça prend autant de place dans ma vie, mais les lecteurs devront attendre. C'est comme ça.





Il FAUT que je retourne me coucher.





En terminant (pour l'instant) :

À l’endroit où je m’arrêtai


À l’endroit où personne ne connaît personne, où tout le monde, dans l’attente de quelqu’un, s’arrête, flagellé par le désir de partir
Je m’arrêtai aussi et me dis : je partirai, mais j’attends mon compagnon.

À l’endroit dessiné par les premières légendes de la Terre,
Dans les yeux rouges des dieux, dans les cornes des diables,
Je m’arrêtai
À l’endroit du Commencement, où l’univers descend des volcans et où les gens émergent de la braise
Je m’arrêtai pour attendre mon compagnon
De moi se dégageait la vapeur de la première création
Dissimulé par le brouillard de la seconde
Je dis : je continuerai le voyage, je partirai
Mais je suis là en train d’attendre l’arrivée de mon compagnon
Là en train d’attendre
Ma propre arrivée.

Wadih Saadeh (poète libanais)

2 commentaires:

  1. Wo !!! C'est génial le truc de Bergman ! Complètement addictif ! J'en veux encore. Merci de la découverte ! Soigne-toi Bast. J'attends le retour de Bastalicious avec impatience...

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Faites comme chez Bast